Archives mensuelles : janvier 2024

Les styles du tango

El Mundo du dimanche 1er octobre de 1944.

Il semble que tout a Ă©tĂ© dit sur les styles de tango. Je vous propose cependant un petit point, vu essentiellement sur l’aspect du tango de danse.

Ce qu’il convient de prendre en compte, c’est que les pĂ©riodes gĂ©nĂ©ralement admises sont en fait toutes relatives.

Les orchestres ont, selon les cas, continuĂ© un style qui leur rĂ©ussissait au-delĂ  d’autres orchestres et a contrario, d’autres ont innovĂ© bien avant les autres, voire, sont revenus en arriĂšre, remettant en avant des Ă©lĂ©ments disparus depuis plusieurs dĂ©cennies.

On peut donc avoir deux enregistrements contemporains appartenant Ă  des courants forts diffĂ©rents. C’est particuliĂšrement sensible Ă  partir des annĂ©es 50, oĂč la baisse de la pratique de danse a incitĂ© les orchestres Ă  dĂ©velopper de nouveaux horizons, souvent en rĂ©chauffant des plats plus anciens.

Les origines (avant le tango)

Il ne s’agit pas ici de trancher dans un des nombreux dĂ©bats entre spĂ©cialistes des origines. Du strict point de vue de la danse, les premiers tangos sont proche du style habanero et par consĂ©quent, c’est plus du cĂŽtĂ© des habaneras qu’il convient de trouver la forme de danse.

La habanera

Vous connaissez ce rythme. DaaaTadaTaDaaa

Pour ceux qui ne sont pas lecteurs de la musique, les barres rouges (croches pointĂ©es) correspondent Ă  3 unitĂ©s temporelles relatives (double croche), les barres bleues Ă  une unitĂ© temporelle (double croche) et les barres vertes Ă  une unitĂ© temporelle (croche). Les barres sont donc proportionnelles Ă  la durĂ©e des notes. Au dĂ©but de la portĂ©e, il y a l’indication 2/4. Cela signifie qu’il y a deux noires par mesure (espace entre deux barres verticales). Les croches valent la moitiĂ© d’une noire en durĂ©e et les doubles croches la moitiĂ© d’une croche. VoilĂ , vous connaissez la lecture du rythme en musique (ou pas
).
Rythme de la habanera au piano. retrouvez le DaaaTadaTaDaaa…

La habanera porte ce nom, car c’est une restitution d’un rythme cubain. L’inventeur du genre est SebastiĂĄn de Iradier qui a composĂ© El arreglito (le petit arrangement) oĂč il joue avec ce rythme. En voici un extrait et je suis sĂ»r que cela va vous rappeler quelque chose.

Axivil Criollo – El Arreglito – Compositeur SebastiĂĄn de Iradier vers 1840.

Avez-vous trouvé ?

Oui, vous avez trouvĂ©. Ce cher Georges Bizet a piquĂ© la musique de SebastiĂĄn de Iradier.

Teresa Berganza chante la Habanera de Carmen de Bizet (le copieur 😉

Ce rythme, trĂšs prĂ©sent dans les premiers tangos, est devenu plus discret, sauf pour les milongas qui l’ont largement exploitĂ©.

Dans la milonga criolla (ici par l’orchestre de Francisco Canaro 1936-10-06), on reconnait parfaitement le rythme de la habanera qui a Ă©tĂ© accĂ©lĂ©rĂ©e et est devenue une des pierres de construction des milongas.

Lorsque le tango de danse a perdu de son Ă©lan, les orchestres sont revenus Ă  ces formes traditionnelles, au point que les compositeurs l’on rĂ©introduit trĂšs largement.

Autres apports

En parallÚle, des formes chantées, notamment par les payadors et des danses, traditionnelles, voire tribales, ont influencé ces prémices, donnant une grande richesse à ce qui deviendra le tango, notamment à travers ses trois formes dansées, le tango, la milonga et la valse.

Les payadors

On lit parfois que Gardel Ă©tait un payador. Cependant, mĂȘme s’il Ă©tait ami de JosĂ© Bettinotti, il n’a pas Ă©tĂ© directement l’un de ces chanteurs qui s’accompagnaient Ă  la guitare en improvisant. Cependant, l’influence des payadors est indĂ©niable pour le tango, comme vous pouvez en juger. Par cet extrait, qui avec ses relents d’habanera pourrait s’approcher d’une milonga lente ou d’un canyengue.

José Bettinotti, El cabrero circa 1913

Exemple d’influence africaine

Parmi les sources, on met en avant des origines africaines. MĂȘme si l’Argentine n’a pas Ă©tĂ© une terre d’esclavage trĂšs marquĂ©e, contrairement Ă  beaucoup d’autres payĂ©s du continent amĂ©ricain, il y a eu une communautĂ© d’origine africaine relativement importante au XIXe siĂšcle. Celle-ci s’est attĂ©nuĂ©e par l’Ă©migration, les mariages avec des populations d’autre origines et quelques faits guerriers oĂč ils ont servi de chair Ă  canon.

MĂȘme si l’Argentine a absorbĂ© des Ă©lĂ©ments, c’est plutĂŽt la province de l’Est, l’Uruguay qui a le plus Ă©tĂ© influencĂ© par ces musiques, notamment les percussions.

Candombe solo para Uruguayos – Hugo Fattoruso – “Caminando” , Toma de Sonido Dario Ribeiro

Le candombé et la milonga candombé se retrouvent à la mode dans les années 50, bien avant que Juan Carlos Cacéres relance la mode.

Siga el baile 1953-10-28 – Alberto Castillo y su Orquesta TĂ­pica dirigĂ© par Ángel Condercuri.

La dĂ©nomination “tango” est souvent associĂ©e Ă  la dĂ©formation de “tambo” et dĂ©signait des lieux ou la communautĂ© noire dansait. Il faut voir un jugement nĂ©gatif par la bonne sociĂ©tĂ© blanche. Le terme est devenu synonyme de bamboche, de dĂ©bauche, ou pour le moins de moeurs lĂ©gĂšres. La musique des faubourgs, mĂȘme si elle n’Ă©tait pas issue des Africains a hĂ©ritĂ© de ce vocable pĂ©joratif, lorsque le tango s’est dĂ©veloppĂ© dans les bordels et autres lieux choquants pour la bonne sociĂ©tĂ©.

Les origines européennes

L’immigration europĂ©enne a apportĂ© sa musique. Pour el vals, mĂȘme criollo, on est trĂšs proche de la valse et des artistes comme Canaro ont mĂȘme adoptĂ© des valses viennoises.

Pour la milonga, c”est un peu moins Ă©vident de retrouver des sources europĂ©ennes, si ce n’est que la mode de la habanera en Europe et les Ă©changes dans le monde latinoamĂ©ricain ont favorisĂ© sa diffusion. La habanera symbolisait le marin pour l’Europe. La milonga, on devrait mĂȘme Ă©crire les milongas sont une salsa, un mĂ©lange d’influences.

Les dĂ©buts du tango dans les faubourgs et les milieux interlopes ont conduit celui-ci Ă  des formes assez populaires, voire outrĂ©es que le canyengue d’aujourd’hui a du mal Ă  retraduire en totalitĂ©.

La naissance européenne

Disons-le, tout bonnement, ce tango d’avant le tango n’est pas au sens strict du tango. À cela se rajoute que les rares enregistrements de l’époque ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par voie acoustique et qu’ils ne sont donc pas du tout adaptĂ©s Ă  nos oreilles contemporaines.

Voir les progrĂšs de l’enregistrement pour plus d’informations sur l’enregistrement acoustique.

Vus les lieux oĂč le tango Ă©tait jouĂ© et malgrĂ© la frĂ©quentation par des ninos bien (jeunes hommes de bonne famille), le tango ne s’est pas fait une place importante en Argentine avant d’acquĂ©rir ses lettres de noblesses en Europe et notamment en France.

Le style du tango, avant le tango…

Avant 1926, date des premiers enregistrements Ă©lectriques, pas d’enregistrements utilisables en danse.

Argañaraz – Orquesta TĂ­pica Criolla Alfredo Gobbi (1913)

Comme vous pouvez vous en rendre compte, le style sommaire et monotone de la musique est renforcĂ© par l’obligation de jouer de façon assez forte et peu nuancĂ©e pour que le pavillon puisse graver le support d’enregistrement. On retrouve cependant certains Ă©lĂ©ments « Canyengue » que l’on connaĂźt par les enregistrements Ă©lectriques.

Je vous propose Ă  titre d’exemple, Zorro gris un enregistrement Ă©lectrique de 1927 par Francisco Canaro.

Zorro gris 1927-08-22, Francisco Canaro (enregistrement Ă©lectrique).

La vieille garde (Guardia vieja)

Gobbi et Canaro, dans la premiĂšre partie de leur carriĂšre, sont des reprĂ©sentants de ce que l’on a nommĂ© la vieille garde. On ne peut pas rĂ©duire cela au canyengue, car dĂšs les annĂ©es 20 des rythmes diffĂ©rents avaient vu le jour. Se dĂ©tachant progressivement du style claudicant du canyengue, les orchestres abandonnent la habanera, accĂ©lĂšrent le rythme. Des titres en canyengue deviennent des milongas, comme par exemple : Milonga de mis amores, ici dans la version de Canaro en 1937 et qui a encore des accents de canyengue :

Extrait de Milonga de mis amores 1937-05-26, Francisco Canaro

contrairement Ă  la version de la mĂȘme annĂ©e par Pedro Laurenz :

Extrait de Milonga de mis amores 1937-07-14, Pedro Laurenz canta HĂ©ctor Farrel

Ou celle du mĂȘme de 1944 :

Extrait de Milonga de mis amores 1944-01-14, Pedro Laurenz

Des orchestres anciens Ă©voluent, comme Di Sarli ou d’Arienzo, notamment Ă  l’arrivĂ©e de Biagi dans l’orchestre et on arrive Ă  la grande pĂ©riode du tango, l’Ăąge d’or.

L’ñge d’or (Edad de oro)

C’est la pĂ©riode considĂ©rĂ©e comme la plus adaptĂ©e au tango de danse. C’est logique, car Ă  l’époque, le tango Ă©tait une danse Ă  la mode et chaque semaine, plusieurs orchestres se produisaient.

El Mundo du dimanche 1er octobre de 1944. En rouge, les 4 piliers se produisent le mĂȘme jour (Hoy). En bleu des orchestres de second plan, tout Ă  fait dansables et en vert, des orchestres un peu moins pertinents pour la danse.

On voit l’énorme choix qui s’adressait aux danseurs. Les musiciens jouaient ensemble plusieurs fois par semaine et il y avait un climat d’émulation pour ne pas dire de compĂ©tition entre les orchestres.

On remarquera qu’en face de chacun des orchestres de tango, il y a un orchestre de « Jazz ». En effet, les bals de l’époque jouaient des genres variĂ©s et les orchestres se spĂ©cialisaient.

Certains comme Canaro avaient deux orchestres, ce qui lui permettait d’assurer les deux aspects de la soirĂ©e. D’ailleurs, Canaro utilise des cuivres dans son orchestre de tango, il jouait donc de la limite entre les deux formations. Vous avez pu Ă©couter cela dans l’extrait de Milonga de mis amores, ci-dessus.

Chaque orchestre se distinguait par un style propre. Certains Ă©taient plus intellectuels, comme Pugliese ou De Caro, d’autres plus joueurs, comme Rodriguez ou D’Arienzo, d’autres plus romantiques, comme Di Sarli ou Fresedo et d’autres plus urbains, comme Troilo.

Aujourd’hui, dans les milongas, le DJ s’arrange pour proposer ces quatre orientations pour Ă©viter la monotonie et contenter les diffĂ©rentes sensibilitĂ©s des danseurs.

MĂȘme si la production de l’époque est essentiellement tournĂ©e vers la danse, il y a Ă©galement une production pour l’écoute.

Sur les disques de l’époque, il est facile de faire la diffĂ©rence, notamment pour les tangos avec chanteur. En effet, un tango Ă  danser est indiquĂ© : Nom de l’orchestre canta ou estribillo cantado por Nom du chanteur. Un tango Ă  Ă©couter est indiquĂ© Nom du chanteur y su orquesta dirigido por ou con (avec) Nom de l’orchestre.

Nous n’entrerons pas dans les dĂ©tails en ce qui concerne les styles des orchestres de l’ñge d’or, cela fait l’objet d’un de mes cycles de cours/confĂ©rence (mini 3 h, voire 6 h). Il convient seulement de savoir reconnaĂźtre le tango de danse et de savoir apprĂ©cier les diffĂ©rences de style entre les orchestres.

Pour les DJ, il est important de tenir compte de l’évolution des styles du mĂȘme orchestre. Il est souvent moins grave de mĂ©langer deux orchestres enregistrĂ©s Ă  la mĂȘme Ă©poque que de mĂ©langer deux enregistrements d’époques stylistiquement diffĂ©rentes du mĂȘme orchestre.

Tango Nuevo

C’est celui initiĂ© par De Caro, repris ensuite par Troilo, Pugliese et Piazzolla, par exemple. Il est encore trĂšs vivant, notamment chez les orchestres de concert.

À noter que Pugliese et Troilo sont bien sĂ»r des piliers du tango de bal et que leurs incursions nuevos, pas toujours pour la danse, ne doivent pas masquer leur importance dans le bal traditionnel.

N’oublions pas que Pugliese a aussi bien enregistrĂ© du canyengue, que du tango classique avant de faire du Nuevo
 Curieusement, le tango dit nuevo reprend souvent des motifs les plus anciens, notamment la habanera des tout premiers titres du XIXe siĂšcle.

Tango Electronico

Style Gotan Project. Il se caractĂ©rise principalement par une batterie et l’utilisation d’instruments Ă©lectroniques. Curieusement, il est parfois assez proche, d’un point de vue rythmique, du tango musette qui est l’évolution europĂ©enne et notamment franco-italienne, du tango du dĂ©but du XXe siĂšcle.

Comme DJ, j’Ă©vite et en tout cas je n’en abuse pas car cette musique est trĂšs rĂ©pĂ©titive et ne covient pas aux danseurs avancĂ©s. Cependant, il faut reconnaĂźtre que cette musique a fait venir de nouveaux adeptes au tango.

Tango alternatif

Le tango alternatif consiste Ă  danser avec des repĂšres « tango » sur des musiques qui ne sont absolument pas conçues comme telles.

Par exemple, la Colegiala de Ramirez est un tango alternatif, puisqu’on le danse en “milonga” alors que c’est un fox-trot.

Certains DJ européens placent des zambas que les danseurs dansent en tango. Quel dommage quand on sait la beauté de la danse.

N’oublions pas la dynamique « nĂ©otango » qui consiste Ă  danser sur toute musique, chanson, de tout style et de toute Ă©poque. Cela ouvre des horizons immenses, car la trĂšs grande majoritĂ© de la musique actuelle est Ă  4 temps et permet donc de marcher sur les temps.

Ce qui manque souvent Ă  cette musique, c’est le support Ă  l’improvisation. On peut lui reconnaĂźtre une forme de crĂ©ativitĂ© dans la mesure oĂč elle permet / oblige de sortir des repĂšres et donc d’innover. Mais est-t-il vraiment possible d’innover en tango ? C’est un autre dĂ©bat.

Pourquoi l’ñge d’or est bien adaptĂ© Ă  la danse

Si on Ă©tudie un tango de l’ñge d’or, on y dĂ©couvrira plusieurs qualitĂ©s favorisant la danse :

  • La musique a plusieurs plans sonores. On peut choisir de danser sur un instrument (dont le chanteur), puis passer Ă  un autre. On peut aussi choisir de danser uniquement la marcation (tempo). Les instruments se rĂ©pondent. On peut ainsi se rĂ©partir les rĂŽles avec les partenaires en reconstituant le dialogue en le dansant.
  • La musique se rĂ©pĂšte plusieurs fois, mais avec des variations. Cela permet de dĂ©couvrir le tango au cas oĂč il ne serait pas connu et la seconde fois, l’oreille est plus familiĂšre et l’improvisation est plus confortable. Cette reprise est en gĂ©nĂ©ral diffĂ©rente de la premiĂšre exposition, mais reste tout Ă  fait comparable. Par exemple, la premiĂšre fois le thĂšme est jouĂ© au violon ou au bandonĂ©on et la seconde fois, c’est le rĂŽle du chanteur ou d’un autre instrument. Si c’est le mĂȘme instrument, il y aura de lĂ©gĂšres diffĂ©rences dans l’orchestration qui rendra l’écoute moins monotone.
  • Les changements de rythme, phrases, parties, sont annoncĂ©s. Un danseur musicien ou exercĂ© sait reconnaĂźtre les parties et peut « deviner » ce qui va suivre, ce qui lui permet d’improviser plus facilement sans dĂ©router sa partenaire. Je devrais plutĂŽt mettre cela au pluriel, car les deux membres du couple participent Ă  l’improvisation. Si la personne guidĂ©e a envie d’appuyer, de marquer un Ă©lĂ©ment qui va arriver, elle a le temps d’alerter le guideur pour qu’il lui laisse un espace. Les musiques alternatives ou des musiques d’inspiration pus classiques, comme certaines compositions de Piazzolla » proposent souvent des surprises qui font qu’elles ne permettent pas de deviner la suite, ou au contraire, sont tellement rĂ©pĂ©titives, que quand revient le mĂȘme thĂšme de façon identique et mĂ©canique, les danseurs n’ont pas de nouvelles idĂ©es et finissent par tomber dans une routine. Évidemment, les danseurs qui n’écoutent pas la musique et qui se contentent de dĂ©rouler des chorĂ©graphies ne verront pas de diffĂ©rences entre les diffĂ©rents types de tango. Ceci explique le succĂšs des pratiques neotango auprĂšs des dĂ©butants, mĂȘme si ces bals ont aussi du succĂšs auprĂšs de danseurs plus affirmĂ©s. En revanche, on ne fera jamais danser, mĂȘme sous la menace, un PortĂšgne sur ce type de musique, en tout cas, en tango


Ne faut-il danser que sur des tangos de l’ñge d’or ?

Non, bien sĂ»r que non. Les canyengues et la vieille garde comportent des titres sublimes et trĂšs amusants ou intĂ©ressants Ă  danser. Certains danseurs sont prĂȘts Ă  danser plusieurs heures d’affilĂ© sur ces rythmes. Cependant, un DJ qui passerait ce genre de musique de façon un peu soutenue Ă  Buenos Aires se ferait Ă©charper


Quelques musiques modernes donnent des idĂ©es agrĂ©ables Ă  danser. Pour ma part, je propose souvent une tanda de valses « originales ». Le rythme Ă  trois temps de la valse reste le mĂȘme que pour les tangos traditionnels et le besoin d’improvisation est moins important, car il s’agit surtout de
 tourner.

MĂȘme si les danseurs avancĂ©s aiment moins danser sur les d’Arienzo des annĂ©es 50 ou postĂ©rieures, ils n’y rechignent pas toujours et l’énergie de ces musiques plaĂźt Ă  de trĂšs nombreux danseurs. C’est donc un domaine Ă  proposer aux danseurs. D’ailleurs, les orchestres qui font Ă  la maniĂšre de du d’Arienzo sont particuliĂšrement nombreux. C’est bien le signe que c’est toujours dans l’air du temps.

Pour terminer, je prĂ©cise que je suis DJ et que par consĂ©quent, mon travail est de rendre les danseurs heureux. J’adapte donc la musique Ă  leur sensibilitĂ©.

Pour un DJ rĂ©sident, en revanche, il est important d’ouvrir les oreilles des habituĂ©s. Dans certains endroits, le DJ met toujours le mĂȘme type de musique, pas forcĂ©ment de la meilleure qualitĂ© pour la danse. Le problĂšme est qu’il habitue les danseurs Ă  ce type de musique et que quand ces derniers vont aller dans un autre endroit, ils vont ĂȘtre dĂ©routĂ©s par la musique.

L’innovation, c’est bien, mais il me semble qu’il faut toujours garder un fond de culture « authentique » pour que le tango reste du tango.

Carlos Gardel, enfant de France

Carlos Gardel Ă  Albi en 1934

MĂȘme si la polĂ©mique semble Ă©teinte, il reste quelques foyers de rĂ©sistance refusant encore d’attribuer la naissance de Carlos Gardel Ă  Toulouse.

Article publiĂ© le 14 NOVEMBRE 2016 sur l’ancien site
Depuis, un excellent site a vu le jour sur le sujet (Musée virtuel Gardel). Vous y trouverez des compléments.

Dans cette mise Ă  jour, j’y fais quelques liens et rĂ©fĂ©rences. 

La dispute sur la nationalité de Gardel

Plusieurs documents irrĂ©futables existent pour prouver la nationalitĂ© d’origine de Carlos Gardel. Ils sont plus solides que les documents Uruguayens qui sont des dĂ©clarations trĂšs largement postĂ©rieures Ă  la naissance de Gardel et qui avaient probablement des buts du genre, se faire oublier pendant la premiĂšre guerre mondiale oĂč il aurait Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme dĂ©serteur, car nĂ© français et pour Ă©viter (en 1920) certaines poursuites en se rendant blanc comme
 plĂątre (escayola) en s’inventant une filiation comme  Â» Carlos Escayola Â» fils de Carlos Escayola et MarĂ­a Gardel, ce Carlos Escayola Ă©tant rapprochĂ© d’un fils d’un second mariage d’un Colonel Carlos Escayola nĂ© en 1876 (soir 14 ans plus vieux que l’ñge français de Gardel). À noter que les deux « parents Â» sont morts Ă  la date de l’établissement de ces documents, ce qui semble pratique et peut convaincre qu’ils n’avaient pas connaissance de ce rejeton encombrant


Consultez les documents du Musée virtuel Gardel sur la position militaire de Garde.

« En 1920 la compañía de Rosas lo convocĂł para viajar a España por una temporada teatral. Él estaba indocumentado, porque el hecho de no concurrir a la embajada para registrarse como ciudadano francĂ©s le impidiĂł recibir la cartilla militar y el registro en gendarmerĂ­a. Entonces, Ă©l decidiĂł en 1920 inscribirse en el consulado uruguayo amparĂĄndose en una legislaciĂłn muy particular para sĂșbditos uruguayos residentes en otros paĂ­ses. Se registrĂł como uruguayo nacido en TacuarembĂł tres años antes de su verdadero nacimiento: se anotĂł como nacido el 11 de diciembre pero de 1887. En vez de poner Gardes, se inscribiĂł como Gardel, su nombre artĂ­stico.«  En 1920, la compagnie de Rosas l’invite Ă  voyager en Espagne pour une tournĂ©e thĂ©Ăątrale. Il Ă©tait sans papier car il n’était pas allĂ© se faire enregistrer Ă  l’ambassade comme citoyen français et n’a donc pas reçu ses papiers (sinon, il aurait du partir faire la guerre en 1918 et aurait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© comme dĂ©serteur s’il l’avait fait par la suite). Ainsi, dĂ©cida-t-il de s’inscrire au consulat uruguayen en vertu d’une lĂ©gislation spĂ©ciale pour les sujets uruguayens rĂ©sidant dans d’autres pays. Il a Ă©tĂ© inscrit comme Ă©tant nĂ© Ă  TacuarembĂł, trois ans avant sa date de naissance rĂ©elle, le 11 dĂ©cembre de 1887. Au lieu de choisir Gardes, il pris son nom d’artiste, Gardel.

On attribue souvent Ă  ce manquement Ă  ses obligations militaires en France, la composition de silencio

« Dice la « leyenda Â», que Carlos Gardel y Alfredo Le Pera visitaron en Francia la tumba de 5 hermanos y su madre, que habrĂ­an muerto durante la Gran Guerra de 1914-18. Y que quedaron tan impresionados por lo visto, que esa misma noche compusieron la canciĂłn.«  La lĂ©gende prĂ©tend que Carlos Gardel et Alfredo La Pera visitĂšrent en France la tombe de cinq frĂšres et leur mĂšre, tuĂ©s pendant la grande guerre 14-18 et qu’ils ont Ă©tĂ© tellement impressionnĂ©s par cette visite qu’ils Ă©crivirent la chanson la nuit mĂȘme.

Vous trouverez en bas de page, des liens vers divers documents, comme des cartes postales Ă©crites Ă  sa famille française, cartes difficiles Ă  expliquer s’il Ă©tait effectivement uruguayen


Revenons donc aux documents originaux, Ă©tablis au noms de Charles Gardes :

Les preuves de la naissance Ă  Toulouse d’un Charles Gardes

Acte de naissance de Charles Romuald Gardes à l’hîpital de la Grave à Toulouse

Acte de naissance de Charles Romuald Gardes Ă  l’hĂŽpital de la Grave Ă  Toulouse Cet acte indique que le 11 dĂ©cembre 1890, Charles Romuald est nĂ© Ă  deux heures du matin Ă  l’hĂŽpital de la Grave.
Copie littĂ©rale de l’acte de naissance de Charles Romuald Gardes Ă  l’hĂŽpital de la Grave Ă  Toulouse Cet acte indique que le 11 dĂ©cembre 1890, Charles Romuald est nĂ© Ă  deux heures du matin Ă  l’hĂŽpital de la Grave.
Registre de l’hospice de la Grave avec le nom de la mĂšre de Charles Gardes.

Acte de BaptĂȘme de Carlos Gardel

Acte de baptĂȘme de Carlos Gardel, le 11 dĂ©cembre, lendemain de sa naissance.

Ces quatre documents incontestables prouvent qu’un enfant de sexe male est nĂ© Ă  Toulouse et qu’il s’appelait Charles Romuald Gardes. Reste Ă  prouver que ce bambin est bien allĂ© en Argentine.

Le document témoignant de son entrée en Argentine

Ce titre est Ă©mis par la Direction GĂ©nĂ©rale de l’immigration de la RĂ©publique Argentine sous le numĂ©ro 122 (sa mĂšre est sous le numĂ©ro 121).

RĂ©cipissĂ© d’inscription dans les registres de l’immigration argentine en date du 11 mars 1893 Ă©tabli au nom de Charles Gardes, ĂągĂ© de 2 ans, en provenance de Bordeaux sur le vapeur Don Pedro.

RĂ©cipissĂ© d’inscription dans les registres de l’immigration argentine en date du 11 mars 1893 Ă©tabli au nom de Charles Gardes, ĂągĂ© de 2 ans, en provenance de Bordeaux sur le vapeur Don Pedro.

Dans ce document Gardel, s’appelle encore Gardes et son prĂ©nom est Charles.
Le 11 mars 1893, Gardel est mentionné dans ce document comme ayant 2 ans, ce qui correspond, à trois mois prÚs à son ùge exact.
La bateau est le Don Pedro, un vapeur qui devait partir du Havre le 8 février 1893 (à destination de La Plata).
On trouve trace de ce voyage, le 10 fĂ©vrier, dĂ©part effectif du Havre avec comme capitaine Vincent Marie Crecquer.
Le 14, ce bateau partait de Pauillac (oĂč auraient embarquĂ© Berthe et Charles) Ă  destination de Santa Cruz de Tenerife oĂč il arrive et repart le 20 fĂ©vrier pour se lancer dans la traversĂ©e de l’Atlantique jusqu’en Uruguay.
Il arrive le 9 mars Ă  Montevideo et en repart le 10 pour Buenos Aires oĂč il arrive probablement le 11 mars si on tient compte de la durĂ©e de la traversĂ©e du Rio de la Plata et des dates des certificats d’immigration de Berthe et Charles.
Il y a un petit doute sur la date d’arrivĂ©e, les documents maritimes Ă©voquant le 12 mars pour le dĂ©barquement. On peut trĂšs bien imaginer que les autoritĂ©s d’immigration sont montĂ©s Ă  bord le 11, Ă  l’arrivĂ©e, mais que le dĂ©sembarquement ne s’est effectuĂ© que le lendemain pour tenir compte des dĂ©lais de quarantaine de 48 heures.
Le bateau est ensuite reparti pour le Havre, chargé de viande congelée

Reste que certains documents manquent, comme les registres de l’immigration confiĂ©s au CEMLA et Ă©vaporĂ©s pour les annĂ©es 1882-1925
 Pour cette raison, on ne peut pas retrouver l’écriture correspondant au certificat 122 de l’immigration. Certains en profitent pour diminuer la force de l’origine française, s’appuyant aussi sur l’absence du registre de crĂ©ation des passeports français pour les annĂ©es entourant le dĂ©part supposĂ©s des Gardes.

Courriers et interactions avec sa famille française

Carte postale envoyé à ses grands parents, en France

Carte postale de Carlos Gardel Ă  ses grands-parents en France

Mes chers grands parents / Bonne et heureuse Année
Je vous envoie cette petite carte postale pour vous dire que toujours je pense Ă  vous avec affection, ainsi qu’ Ă  ma bonne tante Charlotte et Ă  mon bon oncle Jean.
Ici, nous sommes trés contents que vous soyez en bonne santé. Nous allons bien, et bientÎt, Si Dieu le veut, je reviendrai passer quelques moments avec vous.
Sans autre chose Ă  ajouter, votre petit fils qui vous aime et n’oublie pas.

Carlos

Cité par Christiane Bricheteau dans son livre : Traduction Monique Ruffié pour le Musée Virtuel Gardel.

La famille française de Carlos Gardel

Carlos rendra Ă©galement visite Ă  sa famille en France, notamment Ă  Toulouse et Albi. LĂ  encore, ces documents sont prĂ©cieux pour prouver ses origines. Quel serait l’intĂ©rĂȘt d’un artiste cĂ©lĂšbre comme Carlos Gardel de s’inventer une famille “bidon” en France.

Une des photos prises Ă  Albi en 1934 avec Ă  la gauche de Gardel (Ă  droite sur la photo), son oncle Jean Marie Gardes et sa tante Charlotte Laurence, seconde femme de Jean et belle-sƓur de Berthe.

Sur le Musée virutel Gardel, vous trouverez de nombreux autres éléments au sujet de sa famille albigeoise et toulousaine.

Arbre gĂ©nĂ©alogique de Carlos Gardel rĂ©alisĂ© par Georges Galopa en 2013 d’aprĂšs celui d’Henri Brune. Ici dans sa version actualisĂ©e en 2020. Vous pouvez le consulter sur le site du musĂ©e virtuel Gardel.

Arbre gĂ©nĂ©alogique de Carlos Gardel rĂ©alisĂ© par Georges Galopa en 2013 d’aprĂšs celui d’Henri Brune.

Pourquoi Gardel changea d’identitĂ©s Ă  plusieurs reprises


RaĂșl Torre et Juan JosĂ© Fenoglio  rĂ©alisĂšrent une enquĂȘte judiciaire, relevant notamment les empreintes de Carlos Gardel dans les documents judiciaires de l’époque, ce qui permet de confirmer que le Carlos Gardel chanteur du tango et le Carlos Gardez(s) nĂ© en France en 1890, sont bien le mĂȘme.

DiffĂ©rentes empreintes de Carlos Gardel permettant de confirmer que l’on parle toujours du mĂȘme.

Dans un article paru dans Pagina 12 en 2012, on retrouve les principales raisons qui ont fait que Gardel, escroc, se devait de changer rĂ©guliĂšrement d’identitĂ©, y compris avec l’aide d’un prĂ©sident argentin (Marcelo T. de Alvear)


L’article paru dans Pagina 12 se trouve ici : 
https://www.pagina12.com.ar/diario/elpais/1-207654-2012-11-12.html 
Copie de cet article au cas oĂč ce lien se verrait Ă  disparaĂźtre

Un article de 2010 de la DĂ©pĂȘche Ă©voque aussi cette Ă©tude.
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Empreintes de Carlos Gardel ùgé de 13 ans et 6 mois, lors de sa fugue.

Le pĂšre naturel de Carlos Gardel

Si on retient l’origine française, le pĂšre le plus probable est Paul Lasserre. Ce jeune homme, alors ĂągĂ© de 24 ans est parti pour Paris deux mois avant la naissance de Carlos Gardel.

Paul Lasserre, la vĂ©ritable photo selon Todo Tango. En effet, la photo habituelle, serait celle de l’oncle et pas du pĂšre.

À Paris, il a intĂ©grĂ© la bande des Ternes et finalement a Ă©copĂ© de trois ans de prison. De retour Ă  Toulouse, il fonde une famille et meurt jeune. Sa fille, ĂągĂ©e de 2 ans Ă  sa mort, dit qu’il est parti en Argentine pour aider Ă  Ă©lever le jeune Gardel. Cependant, il n’Ă©tait pas sur le bateau et ses exploits parisiens sont contemporains de cette aventure argentine.
Il me semble donc plus probable que devant deux faits gĂȘnants, la famille Lasserre a choisi le moins dĂ©rangeant. Partir trois ans en Argentine pour aider Ă  Ă©lever son fils, mĂȘme obtenu hors mariage (il Ă©tait cĂ©libataire Ă  l’Ă©poque), c’est moins dĂ©shonorant que de passer trois ans en prison.

Documents et références

Les Ă©lĂ©ments prĂ©cĂ©dents sont en principe suffisants pour prouver que Carlos Gardel est le Charles Romuald Gardes nĂ© Ă  Toulouse le 11 dĂ©cembre 1890. Cependant, ce serait sans compter sur l’ingĂ©niositĂ© des Urugayens qui n’a d’Ă©gale que leur gentillesse.

La thĂšse urugayenne

En prenant les documents qui ont servi Ă  Ă©tablir une fausse identitĂ© Ă  Carlos Gardel, comme nous l’avons Ă©voquĂ© ci-dessus, ils avaient montĂ© une origine plausible.

Cependant, il devenait beaucoup plus difficile de remettre en doute les documents comme le certificat de naissance, le voyage en bateau et les visites Ă  la famille.

D’autres documents que nous n’avons pas prĂ©sentĂ©s sont d’autres tĂ©moignages de l’origine française, comme les certificats du consulat de France, son testament et autre. Ces documents sont remis en cause par certains Urugayens. Admettons, comme eux, que le testament est un faux Ă©tabli pour s’accaparer la fortune de Gardel. Cela n’enlĂšve rien Ă  la force des premeirs documents. Voici donc en rĂ©sumĂ© la nouvelle thĂšse :

Il y a bien un Charles Gardes nĂ© en France, mais le Carlos Gardel, chanteur fameux est en fait une autre personne, le fameux Urugayen nĂ© Ă  Valle EdĂ©n, TacuarembĂł, aux alentours de 1882-1884, et qui serait le fils du Coronel Carlos Escayola y de MarĂ­a Lelia Oliva, sa belle soeur… Deux personnes qui rappellons-le Ă©taient mortes au moment oĂč Gardel avait fait Ă©tablir cette identitĂ© pour pouvoir voyager en Europe.

Je vous passe d’autres versions selon laquelle Berte Gardes serait en fait sa maĂźtresse et pas sa mĂšre et qu’avec le factotum, de Gardel, Armando Defino, elle aurait montĂ© une entourloupe pour bĂ©nĂ©ficier de l’hĂ©ritage.

En appui de la thÚse française :

Documents divers

En guise de conclusion

Je laisse la conclusion au Docteur Marti, cet Urugayen pein de sagesse :

Hoy ya el mito estĂĄ bien consolidado en sus lineamientos y no cambia por el detalle de que Gardel haya nacido en Toulouse y no haya sido el padre de Leguisamo ni el abuelo de Julio Sosa. Este hijo natural de una lavandera y de un padre desconocido no fue uruguayo ni argentino, pero pertenece de un modo mĂĄs profundo y raigal que el accidente de un parto a las dos orillas del Plata, donde todo el mundo -sin distinciĂłn de clases sociales- lo escucha con una asiduidad y una devociĂłn que ningĂșn pueblo puede haber tenido nunca en mayor grado por ningĂșn cantante que haya nacido en su suelo. Lo escucha y comprueba que, Ă©mulo lĂ­rico del Cid, cada dĂ­a canta mejor.

Dr. Carlos MartĂ­nez Moreno

Traduction :
Aujourd’hui, le mythe est bien consolidĂ© dans ses contours et ne change pas car Gardel est nĂ© Ă  Toulouse et n’Ă©tait pas le pĂšre de Leguisamo ni le grand-pĂšre de Julio Sosa.
Ce fils naturel d’une lavandiĂšre et d’un pĂšre inconnu n’Ă©tait ni uruguayen ni argentin, mais il appartient d’une maniĂšre plus profonde et plus fondamentale que l’accident de l’accouchement sur les deux rives de la Plata, oĂč tout le monde – sans distinction de classe sociale – l’Ă©coute avec une assiduitĂ© et un dĂ©vouement qu’aucun peuple n’a jamais pu avoir Ă  un plus haut degrĂ© pour un chanteur nĂ© sur son sol.
Il l’Ă©coute et constate qu’en Ă©mule lyrique du Cid, il chante chaque jour un peu mieux.

Dr. Carlos MartĂ­nez Moreno

Les progrùs de l’enregistrement de la musique de tango

Julio de Caro jouant de son violon Ă  pavillon avec son orchestre.

Texte publiĂ© sur l’ancien site le 

Sur la qualité des enregistrements anciens


Dans les milongas, on ne diffuse que des enregistrements postérieurs à 1926. Savez-vous pourquoi ?

  1. La vieja guardia n’est pas toujours intĂ©ressante Ă  danser.
  2. Les orchestres ne jouaient pas vraiment du tango avant 1926.
  3. La qualitĂ© des enregistrements antĂ©rieurs n’est pas assez bonne.

La premiĂšre raison n’est pas exacte. Si Ă  Buenos Aires la Vieja guardia est trĂšs peu diffusĂ©e, c’est loin d’ĂȘtre le cas en Europe. Disons que ces enregistrements sont souvent un peu pauvres et moyens Ă  danser, mais ils sont diffusables quand ils ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s aprĂšs 1926


La seconde n’est pas exacte non plus. La combinaison entre les diffĂ©rents rythmes originaux, candombe, chansons de payador, habanera, canyengue et autres avait dĂ©jĂ  donnĂ© naissance Ă  de vĂ©ritables tango (2X4 notamment). Certains morceaux assez lents ont Ă©tĂ© ensuite accĂ©lĂ©rĂ©s et sont devenus des milongas, d’autres ont gardĂ© le caractĂšre du tango. Donc, ce n’est pas la seconde raison.

L’enregistrement acoustique

Et oui, c’est la troisiĂšme solution la bonne. Les premiers enregistrements Ă©taient effectuĂ© en Ă©mettant du son dans un pavillon collecteur, afin de concentrer les vibrations sonores vers une aiguille qui gravait un sillon dans un matĂ©riau ductile (comme la cire).
Voir l’article sur le premier enregistrement sonore pour des informations plus dĂ©taillĂ©es…

Phonographe Edison 1877. Il enregistrait sur un cylindre d’étain. Il servait aussi Ă  la reproduction.
Phonographe à cylindre Pathé Le Coquet, 1903 (Collection Charles Cros)
Enregistrement d’un chef amĂ©rindien Pied Noir par Frances Densmore en 1916
Orchestre enregistrant en acoustique. Remarquez le grand pavillon pointant vers l’enregistreur et comment les musiciens sont « empilĂ©s Â» pour ĂȘtre en face du pavillon. Le violoniste au premier plan Ă  un violon Ă  pavillon qui permet de donner un son plus fort et plus directionnel.
Julio de Caro jouant de son violon Ă  pavillon avec son orchestre.
Orchestre enregistrant en acoustique. Dans la cabine, l’enregistreur sur disque de cire.
Dans cet extrait on peut voir une reconstitution des condition d’enregistrement d’avant 1926.
« El Ășltimo payador » de Homero Manzi et Ralph Pappier 1950 (scĂ©nario d’Homero Manzi). Hugo del Carril joue le rĂŽle du payador JosĂ© Bettinotti, enregistrant « Pobre mi madre querida » un des succĂšs de Bettinotti.

Dans le film d’Homero Manzi, le son est bien sĂ»r celui de 1950, pas celui de 1912 que l’on peut entendre ici :

José Bettinotti. Pobre mi madre quarida, Circa 1912

En 1925, l’enregistrement Ă©lectrique va rapidement mettre au rebut ce type d’équipement
 En Argentine, il faudra attendre 1926 pour trouver les premiers enregistrements Ă©lectriques, les Ă©diteurs cherchant Ă  Ă©couler leur vieux stock


L’enregistrement Ă©lectrique

En 1906, l’invention du microphone a un peu amĂ©liorĂ© le dispositif, mais ce n’est qu’en 1925 que l’enregistrement Ă©lectrique a vu le jour de façon industrielle.

Le microphone est associé à un amplificateur qui permet de graver avec une grande précision les masters (disques qui serviront aprÚs moulage au pressage des disques diffusés).

Orchestre Victor jouant devant un microphone Ă  charbon
En coulisse, l’ingĂ©nieur du son surveille la gravure du master


Les microphones, l’Ăąme de l’enregistrement Ă©lectrique

Microphone Ă  charbon Voxia de 1925. Il est utilisĂ© pour les premiers enregistrements Ă©lectriques (1926 pour le tango) et jusqu’Ă  la fin des annĂ©es 20.
Microphone à condensateur Western Electric 47A, utilisé de 1928 à 1935 environ.
Microphone Ă  ruban RCA 44 A (Brevet RCA de 1931). Il est utilisĂ© de 1935 Ă  1949 environ. C’est le microphone de l’Ăąge d’or du tango.
U47 de Georg Neumann GmbH. De 1947 Ă  nos jour, ce microphone Ă©lectrostatique (“the Telly” Ă©tait le fĂ©tiche de Frank Sinatra).

Écoutons la diffĂ©rence entre acoustique et Ă©lectrique

L’orchestre de Francisco Canaro a enregistrĂ© Ă  deux reprises le tango Caricias. Une fois en 1924, avec un systĂšme d’enregistrement acoustique et une fois en 1927, avec un systĂšme Ă©lectronique.

Il est trĂšs intĂ©ressant de voir comment la qualitĂ© a Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©e en l’espace de quelques mois


Écoutez la diffĂ©rence de qualitĂ© entre l’enregistrement acoustique et l’enregistrement Ă©lectrique.

VoilĂ  donc pourquoi on n’Ă©coute gĂ©nĂ©ralement pas de tangos enregistrĂ©s avant 1926 dans les milongas

Pour vous en convaincre, Ă©coutez ces deux extraits du mĂȘme thĂšme avec des interprĂ©tations trĂšs diffĂ©rentes et une qualitĂ© technique fort dissemblable.

DĂ©but de : El criollo falsificado (el Porteñito) 1906 – Alfredo Gobbi y Flora – Vous voyez-vous danser lĂ -dessus ?
DĂ©but de : El Porteñito 1928-09-26. TĂ­pica Victor (direction Carabelli). Ce titre est tout Ă  fait passable en milonga. La qualitĂ© d’exĂ©cution et technique est trĂšs satisfaisante. Évidemment, ce style canyengue n’est pas le plus raffinĂ©, mais de temps Ă  autre, dans une milonga, c’est sympa.
Fin de : El Porteñito 1943-03-23. Angel d’Agostino y Angel Vargas. On notera comme le rythme s’est Ă©galement accĂ©lĂ©rĂ©, passant du canyengue Ă  la milonga. La qualitĂ© sonore est excellente, mĂȘme si celle de la TĂ­pica Victor de 1928 n’a pas Ă  rougir.

Le plus ancien enregistrement connu

Phonographe Edison 1877. Il enregistrait sur un cylindre d’étain. Il servait aussi Ă  la reproduction.

Je pense que vous ĂȘtes nombreux Ă  penser que les premiers enregistrements sonores datent environ de 1877, avec l’invention d’Edison et Marie qui a un petit agneau.

En effet, si le Phonographe d’Edison est probablement le plus ancien Ă  avoir diffusĂ© un son enregistrĂ©, deux inventions françaises antĂ©rieures l’ont prĂ©cĂ©dĂ©.

La premiĂšre et la plus ancienne est celle d’Édouard-LĂ©on Scott de Martinville qui permettait de voir le son grĂące Ă  son Phonautographe.

La demande de brevet a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e le 25 mars 1857 sous la rĂ©fĂ©rence 1 BB 31470.

Le Phonautographe d’Édouard-LĂ©on Scott de Martinville

Phonautographe d’Édouard-LĂ©on Scott de Martinville fabriquĂ© par Rudolph KƓnig.

Édouard-LĂ©on Scott de Martinville (1817-1879) a rĂ©alisĂ© les premiĂšres captures de son dĂšs 1853, soit 24 ans plus tĂŽt qu’Edison. Mais alors, pourquoi ne lui donne-t-on pas la palme du premier enregistreur ?

Pour le comprendre, il faut Ă©tudier le fonctionnement de l’engin.

Dessin du phonautographe, joint au dossier de brevet de Scott de Martinville (version de 1859). Institut National de la PropriĂ©tĂ© Industrielle (INPI).

Un pavillon canalise les sons entrants. Ce systĂšme Ă©tait courant, car le cornet acoustique utilisĂ© par les personnes ayant une baisse de l’audition utilisait dĂ©jĂ  ce principe depuis plusieurs siĂšcles.

Antonias Nuck (1650—1692) Cornet en forme de cor de chasse Ă©quipĂ© d’une poignĂ©e

Cependant, contrairement aux procĂ©dĂ©s ultĂ©rieurs d’Edison, le systĂšme de Scott de Martinville enregistre la dĂ©viation d’un faisceau lumineux sur une feuille de papier sensible Ă  la lumiĂšre.

Phonautogramme rĂ©alisĂ© par Scott de Martinville en 1859

Le catalogue de Rudolph KƓnig

Rudolph KƓnig, fabricant de matĂ©riel de laboratoire, obtient un accord d’exclusivitĂ© pour la fabrication des Phonautographes Ă  partir de 1859. Voici comment il dĂ©crit ce matĂ©riel dans son catalogue. Tout d’abord, dans la prĂ©face :
« Dans le prĂ©sent catalogue, j’ai ajoutĂ© aux instruments d’acoustique rĂ©unis dans la derniĂšre Ă©dition du Catalogue de M. Marloye, de 1851, et aujourd’hui partout adoptĂ©s dans les cabinets de physique, un nombre assez considĂ©rable d’appareils nouveaux.
Une partie de ces appareils sont devenus, dans l’état actuel de la science, presque indispensables pour l’étude de l’acoustique ; les autres offrent encore assez d’intĂ©rĂȘt pour figurer dans les cours et les collections, d’instruments de physique. Je crois devoir attirer particuliĂšrement l’attention des savants sur l’appareil de phonautographie (fixation graphique du son) reposant sur les brevets de M. L. Scott, et dont je suis le seul constructeur, parce que cet instrument ne permet pas seulement de rĂ©pĂ©ter une longue sĂ©rie d’expĂ©riences trĂšs-intĂ©ressantes, mais qu’il donne aussi le moyen de faire un grand nombre de recherches scientifiques qui jusqu’à prĂ©sent Ă©taient restĂ©es absolument inabordables. »

Puis vient la description de l’équipement :

48. Phonautographe de M. t. Scott. 500 »

49. Le mĂȘme, avec cylindre et porte-membrane en bois. 400 »
Par les trois moyens sur lesquels s’appuient les brevets de M. L. Scott, c’est-Ă -dire : 1° l’emploi d’un style souple et tout Ă  fait lĂ©ger ; 2° l’application de ce style sur une membrane placĂ©e Ă  l’extrĂ©mitĂ© d’un conduit ou rĂ©cepteur du son, et 3° la fixation des figures obtenues sur un papier ou tissu revĂȘtu d’une couche d’un noir de lampe spĂ©cial, il devient possible d’obtenir avec cet appareil non seulement le tracĂ© de tous les mouvements vibratoires des corps solides d’une maniĂšre beaucoup plus facile et complĂšte, et sur une Ă©tendue beaucoup plus grande qu’avec les deux instruments des Nos 46 et 47, mais on peut aussi imprimer directement tous les mouvements qui s’accomplissent dans l’air ou dans d’autres fluides, et c’est par lĂ  surtout que l’appareil ouvre un champ nouveau et vaste Ă  des recherches de ce genre.
Dans le prospectus ci-joint de M. Scott, on trouve encore des dĂ©tails sur cet instrument et l’énumĂ©ration d’une sĂ©rie d’expĂ©riences qui nous ont dĂ©jĂ  rĂ©ussi au point de pouvoir ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ©es sans difficultĂ© par tout le monde, car le maniement de l’appareil est rendu excessivement facile par la maniĂšre dont il est disposĂ©.

50. Collection d’épreuves de tout genre obtenues par l’appareil prĂ©cĂ©dent.

Extrait du catalogue de Rudolph KƓnig 1859 – Page de couverture et fascicule sur le Phonautographe.
Phonautogramme des vibrations sonores Ă©mises par des tuyaux d’orgue (Rudolph KƓnig, 1862).

Ce principe de l’enregistrement optique est viable, car il a Ă©tĂ© utilisĂ© pendant des dĂ©cennies pour le cinĂ©ma, notamment pour les grands classiques hollywoodiens qui utilisaient le son optique (procĂ©dĂ© Movietone).

Ce qui manquait Ă  l’époque de Scott de Martinville, c’était le systĂšme de lecture de ce que l’on avait enregistrĂ©.

L’invention de Charles Cros

Il manquait donc la partie de reproduction du son enregistrĂ© avec le Phonautographe. Charles Hortensius Émile Cros a eu l’idĂ©e vers 1876 de graver par gravure chimique des tracĂ©s rĂ©alisĂ©s avec un Phonautographe. Les gravures obtenues devaient permettre d’ĂȘtre reproduite en faisant se dĂ©placer une aiguille reliĂ©e Ă  une membrane connectĂ©e Ă  un pavillon.

Allant plus loin dans sa logique, il considĂšre l’idĂ©e de graver directement, sans passer par l’étape optique. Il dĂ©pose alors le 18 octobre 1876, un document dĂ©crivant « un procĂ©dĂ© d’enregistrement et de reproduction des phĂ©nomĂšnes perçus par l’ouĂŻe ». Ce document est finalement enregistrĂ© par l’AcadĂ©mie des sciences le 30 avril 1877 et ouvert le 8 dĂ©cembre, Ă  la demande de Charles Cros, soit deux jours aprĂšs l’enregistrement d’Edison (Mary has a little lamb) et plus d’une semaine avant la demande de brevet d’Edison.

Son appareil qu’il a nommĂ© PalĂ©ophone est constituĂ© d’une membrane vibrante dotĂ©e en son centre d’une pointe qui repose sur un « disque animĂ© d’un double mouvement de rotation et de progression rectiligne » (c’est le principe des platines Ă  bras tangentiel pour disques vinyles).

PalĂ©ophone de Charles Cros. Il n’est pas sĂ»r que ce matĂ©riel ait Ă©tĂ© fabriquĂ©, mĂȘme si l’abbĂ© Lenoir a essayĂ© sans succĂšs de le rĂ©aliser.

Dans le dispositif dĂ©crit par Charles Cros, le son de la voix fait vibrer la membrane qui elle-mĂȘme anime l’aiguille qui trace un sillon sur le disque. Lorsque l’aiguille parcourt le sillon produit, elle transmet une vibration Ă  la membrane qui reproduit le son du dĂ©part.

Le petit doute sur la viabilitĂ© de la solution par rapport Ă  celle d’Edison, c’est l’utilisation de la feuille d’Ă©tain ou cuivre mince qui n’est pas clairement mentionnĂ©e dans le brevet, mais dans des Ă©crits antĂ©rieurs, non-dĂ©posĂ©s.

Contrairement au Phonautographe, le procédé est réversible. Il enregistre et restitue les sons.

Edison est-il inventeur ou copieur ?

Si on en croit les « on-dit », l’idĂ©e qu’Edison se serait appropriĂ© l’idĂ©e de Scott de Martinville et celle de Cros ne serait pas si Ă©tonnante, si on se souvient qu’on l’accuse d’avoir Ă©galement volĂ© les idĂ©es :

  • de la lampe Ă  incandescence Ă  Humphry Davy
  • de la chaise Ă©lectrique Ă  Harold P. Brown
  • de la camĂ©ra Ă  William Dickson
  • du nĂ©gatif sur papier cirĂ© Ă  Gustave Le Gray
  • de l’utilisation des rayons X (fluoroscope) Ă  Wilhelm Röntgen

Je ne me lancerai pas dans le dĂ©bat, c’est un peu comme Gardel qui, bien que nĂ© en France, est revendiquĂ© par les Uruguayens. L’enregistrement sonore est nĂ© en France et Edison qui Ă©tait parfaitement documentĂ© a eu plusieurs mois pour avoir connaissance du procĂ©dĂ© imaginĂ© par Charles Cros, d’autant plus que ce dernier a Ă©tĂ© publiĂ© par l’abbĂ© Lenoir dans la Semaine du ClergĂ© et que donc Edison avait tous les Ă©lĂ©ments sous la main. Le Phonautographe de Scott de Martinville et la description du dispositif de Charles Cros.

Addendum 2016 : Un article de la porte ouverte reprend avec des dĂ©tails cette histoire. Les curieux pourront s’y reporter

RĂ©cemment, FirstSound a essayĂ© de donner la parole aux enregistrements de Scott Martinville. L’idĂ©e a Ă©tĂ© de transformer les tracĂ©s en sons.

Je n’entrerai pas dans le dĂ©tail des deux mĂ©thodes employĂ©es, mais vous pourrez avoir des prĂ©cisions dans le site de FirstSound.

Sur ce site, vous pourrez Ă©galement entendre divers enregistrements restituĂ©s, comme « Au clair de la Lune » (dans deux versions de 1860).

Parmi les enregistrements restituĂ©s, j’attire votre attention sur « Diapason at 435 Hz – at sequential stages of restoration (1859 Phonautogram) [#33] ». On peut y Ă©couter successivement diffĂ©rents Ă©tats de restauration du signal, le dernier Ă©tant digne d’un enregistrement moderne. Cependant, il y a plusieurs biais dans leur restitution.

La premiĂšre est que ce serait l’enregistrement d’un diapason Ă  435 Hz. Pour ma part, je pense qu’il s’agit plutĂŽt du diapason Ă  512 Hz dans la mesure oĂč dans son catalogue, Rudolph KƓnig vend sur la mĂȘme page que le Phonautographe, un diapason Ă  512 Hz (Ut). Ce serait assez curieux qu’il utilise un autre matĂ©riel que celui qu’il vend pour son enregistrement


C’est d’autant plus embĂȘtant que cela discrĂ©dite un peu les restitutions. Ils sont partis de ce qu’ils voulaient obtenir pour faire « parler » l’enregistrement. On se fiera donc plutĂŽt au dĂ©but du fichier sonore en imaginant que Rudolph KƓnig a enregistrĂ© un son plus aigu que celui qu’ils restituent.

Pour les autres enregistrements, comme « Au clair de la Lune », il faut espĂ©rer que la part d’interprĂ©tation n’est pas exagĂ©rĂ©e.

Quoi qu’il en soit, avec un siĂšcle et demi de retard, les enregistrements de Scott de Martinville parlent et mĂȘme chantent.

Merci Ă  FirstSound pour cet exploit et Monsieur Edison, arrĂȘtez de piquer les idĂ©es des autres.

Dans un autre article, nous Ă©voquons l’histoire des enregistrements de tango, domaine qui nous intĂ©resse particuliĂšrement. Vous le trouverez au bout de ce lien.

Quelques trésors du National Recording Preservation Board de la Library of Congress

https://www.loc.gov/programs/national-recording-preservation-board/recording-registry/complete-national-recording-registry-listing/

Nom du « trĂ©sor Â» Auteur Date d’enregistrement
Phonautograms Edouard-Leon Stott de Martinville 1853–1861 (circa)
The 1888 London cylinder recordings of Colonel George Gouraud George Gouraud 1888
Edison Talking Doll cylinder (November 1888) n/a 1888
The Lord’s Prayer Emile Berliner  
Twinkle Twinkle Little Star Emile Berliner  
Around the World on the Phonograph Thomas Edison 1888–1889
Fifth Regiment March Thomas Edison 1888–1889
Pattison Waltz Thomas Edison 1888–1889

De l’humour dans le tango “Le tango, une pensĂ©e triste qui se danse.”

Pour certains, le tango est une musique compassée, triste, à la limite dépressive.

Cette impression est bien souvent causĂ©e par une mĂ©connaissance de cette culture, ou pour le moins par la prise en compte d’une partie trop restreinte du rĂ©pertoire.

En regardant rapidement dans ma collection, j’identifie environ 200 titres clairement à classer comme faisant preuve d’humour, voire à la limite de la farce.

Bien sĂ»r, l’humour n’est pas universel et ce qui faisait rire les Argentins dans les annĂ©es 40 n’est sans doute pas ce qui fait rire un europĂ©en d’aujourd’hui.

Tout d’abord, quand on est DJ, un des buts est que les gens s’amusent. Je sais que mon travail est rĂ©ussi quand les gens sourient, voire rigolent.

Beaucoup de milongas son hilarantes Ă  danser, mais aussi certaines valses et des tangos ne manquent pas d’humour. MĂȘme ce cher Pugliese a fait des enregistrements amusants.

Le DJ joue avec les sentiments pour alterner des tandas gaies et d’autres plus romantiques voire tristes, mais avec modĂ©ration, les danseurs sont lĂ  pour s’amuser, pas pour ce couper les veines.

C’est d’ailleurs une grande diffĂ©rence entre les milongas d’Europe et celles de Buenos Aires. Dans les premiĂšres, on se prend au sĂ©rieux, dans les secondes, on vient passer un bon moment. C’est peut-ĂȘtre ce genre d’attitudes qui incitent certains DJs europĂ©ens Ă  adopter des rĂ©pertoires peu euphorisants.

Avec plus de 20 ans d’expĂ©rience dans le domaine, je peux tĂ©moigner que mĂȘme dans les plus sĂ©rieux encuentros, l’humour a sa place et que finalement, les danseurs apprĂ©cient les musiques divertissantes, mĂȘme si leur proportion est sans doute moindre dans ce type d’évĂ©nement.

La vie est trop courte pour la gĂącher en Ă©tant triste, la milonga est une fĂȘte et oublier que le tango est avant tout un divertissement populaire est Ă  mon sens une erreur.

Je pense que je vais faire un article sur le sujet pour mon blog, car cela me dĂ©sole de voir des danseurs s’ennuyer avec des DJs dĂ©pressifs. Ces derniers croient bien faire, mais ainsi, ils desservent l’ñme du tango et c’est dommage.

Entre la vulgaritĂ© d’un Rodriguez, la joie nostalgique d’un Firpo, l’énergie euphorisante de D’Arienzo ou l’éclectisme de Canaro il y a de quoi faire.

Rions le tango !

For some, tango is a piece of compassed, sad music, bordering on depression.

This impression is often caused by a lack of knowledge of this culture, or at least by considering too small a part of the repertoire.

By quickly looking through my collection, I identify about 200 titles clearly to classify as humorous, even bordering on farce.

Of course, humour is not universal and what made Argentines laugh in the ’40s is probably not what makes a European laugh today.

First, when you’re a DJ, one of the goals is for people to have fun. I know that my work is successful when people smile or even laugh.

Many milongas are hilarious to dance, but some waltzes and tangos do not lack humour. Even this dear Pugliese made some funny recordings.

The DJ plays with feelings to alternate cheerful tandas and other more romantic or even sad ones, but in moderation, the dancers are there to have fun, not to cut the veins.

This is also a big difference between the milongas of Europe and those of Buenos Aires. In the first, we take ourselves seriously, in the second, we come to have a good time. It is perhaps this kind of attitude that encourages some European DJs to adopt repertoires that are not very euphoric.

With more than 20 years of experience in the field, I can testify that even in the most serious encuentros, humour has its place and that finally, dancers appreciate entertaining music, even if their proportion is probably lower in this type of event.

Life is too short to ruin it by being sad, the milonga is a party, and forgetting that tango is above all a popular entertainment is, in my opinion, a mistake.

I think I’m going to do an article on the subject for my blog because it saddens me to see dancers bored with depressed DJs. The latter think they are doing well, but in this way, they serve the tango’s soul, which is a shame.

Between the vulgarity of a Rodriguez, the nostalgic joy of a Firpo, the euphoriant energy of D’Arienzo, or the eclecticism of Canaro there is plenty to do.

Let’s laugh at the tango!

Le tango, une pensée joyeuse qui se danse (DJ BYC Bernardo)

Quelles sont les qualitĂ©s d’un bon DJ de tango ?

Réponse à une question de Sonia Devi :

Buenos Aires (Gricel) – DJ BYC Bernardo

« Il faut du travail, mais aussi de la sensibilitĂ©, sans doute la capacitĂ© Ă  sortir des sentiers battus tout en guidant son public, une capacitĂ© de connexion avec le groupe, du sens psychologique, de la gĂ©nĂ©rosité  quelles sont pour toi les qualitĂ©s d’un bon DJ ? ».

Lien vers la discussion sur Facebook…

Sonia, je vais rĂ©pondre sur chacun des points avec le code couleur que j’ai utilisĂ© pour mettre en valeur ta question :

Il faut du travail

Moins qu’avant, car la musique est largement disponible, bien mieux classĂ©e et de meilleure qualitĂ© qu’il y a vingt ans ou trente ans.

L’ordinateur permet de gagner beaucoup de temps pour le classement, la facilitĂ© d’écoute et la recherche des musiques.

Les choses ont tellement été simplifiées sur ces plans que toute personne ayant mis la main sur une playlist de tango et ayant un ordinateur se déclare DJ.

Si c’était si simple, cela ferait longtemps que l’on aurait crĂ©Ă© la « playlist idĂ©ale » et qu’on la passerait dans toutes les milongas du monde.

Les humains Ă©tant versatiles, diffĂ©rents, les conditions de bal, les cultures, les habitudes et autres diffĂ©rant d’un lieu Ă  l’autre et d’un jour Ă  l’autre, cette fameuse playlist idĂ©ale sera obsolĂšte dĂšs sa deuxiĂšme tentative d’utilisation.

Tout au plus, dans des milongas rĂ©guliĂšres, on peut se permettre de passer le mĂȘme type de playlist chaque semaine.

Si on intervient sur un Ă©vĂ©nement diffĂ©rent de sa zone habituelle, les ennuis vont ĂȘtre bien plus importants pour ces pseudo-DJ, car ils vont se confronter Ă  d’autres goĂ»ts et attitudes.

Ils devront donc ĂȘtre capables de repĂ©rer le plus rapidement possible ce qui va rencontrer le public.

La sensibilité, une capacité de connexion avec le groupe, du sens psychologique, de la générosité

Pour dĂ©terminer les goĂ»ts des danseurs, il faut savoir observer, faire preuve d’empathie. Un DJ qui ferait cela pour sa « pomme » sera difficilement un excellent DJ, car il fera prĂ©fĂ©rentiellement passer ses goĂ»ts avant ceux de son public, en admettant mĂȘme qu’il s’en soucie


La sensibilitĂ©, c’est aussi avoir une culture musicale permettant de se repĂ©rer dans les Ă©poques, les styles afin de pouvoir varier les musiques et Ă©viter les « tunnels » (succession de tandas semblables qui gĂ©nĂšrent l’ennui).

La connexion avec le groupe, cela dĂ©pend de la personnalitĂ© du DJ. Certains sont en retrait, ne cherchent pas l’interaction avec les danseurs, mais sont trĂšs attentifs Ă  eux. C’est le cas d’un des meilleurs DJ de Buenos Aires, Daniel Borelli.

Un autre, trÚs différent, est Marcelo Rojas (également de Buenos Aires, mais qui tourne dans le monde entier) qui va parler à son public et se tenir majoritairement debout.

Ceux qui me connaissent savent que j’abuse parfois de cette recherche de complicitĂ© avec les danseurs. Ceux qui prĂ©fĂšrent les DJ inertes ne me font pas venir ou me demandent d’ĂȘtre discret, ce que je peux faire, bien qu’avec difficultĂ© đŸ˜‰ Jeudi prochain, je serai DJ dans une milonga trĂšs traditionnelle de Buenos Aires et je serai discret, si, si


Les goûts des danseurs sont différents et avoir un éventail de personnalités de DJ est intéressant.

En ce qui concerne le sens psychologique, je parlerai plutĂŽt de sens de l’observation. Remarquer la hauteur des talons, les Ăąges, les proportions de danseurs et danseuses, leurs capacitĂ©s d’écoute de la musique, comment les gens sont entre eux, s’ils se connaissent, s’ils sont plutĂŽt joyeux ou introvertis (le but peut ĂȘtre de les faire changer d’attitude s’ils sont un peu trop compassĂ©s ; —)

La capacité à sortir des sentiers battus tout en guidant son public

Une fois qu’on a mis en place les Ă©lĂ©ments prĂ©cĂ©dents, c’est-Ă -dire que l’on a :

  • Une bonne diversitĂ© de musique en stock et bien sĂ»r, tous les « incontournables »
  • Une excellente connaissance de sa base de musique
  • Une bonne dĂ©termination des goĂ»ts et attentes des danseurs
  • Une connexion intĂ©ressante avec le groupe

On peut alors essayer de sortir des sentiers battus. Cependant, il me semble qu’il faut dĂ©velopper ce point avant d’aller plus loin.

Le tango est une danse assez particuliĂšre, basĂ©e sur l’improvisation. Les couples Ă©voluent sur la musique, sans aucune chorĂ©graphie prĂ©alable et dans une construction mutuelle de la danse. Ils doivent Ă©galement tenir compte des contraintes du lieu, des dĂ©placements des autres couples et d’autres critĂšres pouvant aller d’un trou dans le plancher Ă  une personne assise avec les pieds qui traĂźnent sur la piste en passant par le serveur qui passe avec un plateau chargĂ© de verrerie.

Toutes ces « contraintes » sont en fait des enrichissements qui permettent d’innover, d’improviser sans avoir l’impression de faire toujours la mĂȘme chose. Mais les plus grandes aides Ă  l’improvisation sont bien sĂ»r la musique et le (la) partenaire.

Le partenaire n’est pas du ressort du DJ, sauf s’il propose des tandas roses, amĂ©ricaines, des femmes, des bonbons ou d’autres suggestions et encouragements Ă  ne pas ĂȘtre trop strict sur les rĂšgles d’invitation et acceptation de l’invitation. Ce levier est aussi aux mains de l’organisateur.

Tout cela pour en venir Ă  la sortie des sentiers battus. Le DJ peut apporter une note de fantaisie, mais il me semble qu’il a Ă©galement la responsabilitĂ© de conduire les danseurs vers « le tango » et pas vers une danse « crĂ©ative », mais qui aurait perdu les caractĂšres de la danse originale.

Je n’ai rien contre les milongas alternatives, j’en ai mĂȘme musicalisĂ©, cependant, je suis certain qu’il est quasiment impossible de danser le tango sur ces musiques. On peut faire des « figures » de tango, adopter un abrazo milonguero ou salĂłn, mais il manquera l’impulsion, la variĂ©tĂ© comprĂ©hensible qui rend la musique propice Ă  l’improvisation pour que les danseurs se sentent en sĂ©curitĂ© avec la musique.

Si la musique est hyper connue, les danseurs pourront improviser. Si la musique n’est pas connue, il faudra que les danseurs soient capables de deviner la suite, de la pressentir. C’est la limite que devra s’imposer le DJ pour ne pas dĂ©stabiliser les danseurs et leur ouvrir de nouveaux horizons.

La plupart des musiques actuelles sont Ă  quatre temps. On peut donc avoir l’impression qu’elles sont adaptĂ©es au tango. Ce n’est malheureusement pas souvent (jamais) le cas. C’est sans doute pour cela que les danseurs de Buenos Aires sont si « traditionnels ». Ils ne trouvent pas dans des musiques trop Ă©loignĂ©es de leur zone de confort, ce qu’ils recherchent pour construire leur danse.

Avec des danseurs moins connaisseurs, les musiques alternatives ou les tangos plus « originaux » passent relativement bien, car trĂšs peu dansent la musique. Ils peuvent danser sur la musique, mais pas la musique.

Danser sur la musique, c’est poser les pieds sur les temps et faire des pauses quand la musique en fait. Danser la musique, c’est en avoir une Ă©coute attentive pour danser tantĂŽt sur un instrument, tantĂŽt sur un autre (les tangos de danse proposent d’eux-mĂȘmes une diversitĂ© d’interprĂ©tation dans les diffĂ©rentes reprises du mĂȘme thĂšme). C’est prĂ©voir les variations de rythme pour prĂ©parer sa partenaire (ou se prĂ©parer si on prĂ©fĂšre ĂȘtre suiveur.

Donc, sortir des sentiers battus, ça peut tout aussi bien ĂȘtre de proposer un tango traditionnel, mais plus rare ou proposer une musique qui n’est pas de tango, mais qui sera Ă  la portĂ©e des danseurs. Dans ce dernier cas, on remarquera que le plus les danseurs sont familiers avec le tango et plus ils auront du mal Ă  s’adapter Ă  une musique trop « étrange ».

Sortir des sentiers battus, c’est cependant une responsabilitĂ© du DJ d’un lieu donnĂ©. Dans des communautĂ©s oĂč il y a peu de diversitĂ© dans l’offre, il arrive qu’un DJ « forme » le goĂ»t des danseurs en leur proposant un type de musique atypique. Ces danseurs seront donc habituĂ©s Ă  d’autres sentiers et le jour oĂč ils iront dans une milonga plus classique, ils seront dĂ©routĂ©s et perdront ce qui fait une des grandes richesses du tango, pouvoir danser avec n’importe qui dans le monde Ă  condition de savoir guider et suivre. On pourrait dire la mĂȘme chose des « professeurs », d’ailleurs.

Pour reprendre le chemin de la question initiale, un DJ invitĂ© devra Ă  la fois se couler dans les habitudes du lieu, mais aussi apporter sa voix/voie originale. S’il passe la mĂȘme musique que le DJ rĂ©sident, quel est l’intĂ©rĂȘt de le faire venir ? Il devra donc guider les danseurs vers son univers en crĂ©ant un climat de confiance. À la limite, lorsque les blancs en neige auront pris, il pourra renverser le saladier, en faisant danser sur des musiques qui ne seraient pas venues Ă  l’esprit des danseurs.

Sonia, j’aime ton dernier point « tout en guidant son public ». Le DJ est avant tout un animateur. Il provoque des envies, qu’il retarde pour mieux les satisfaire. Il construit ses tandas pour que les danseurs se sĂ©parent comblĂ©s. Par exemple, une des rĂšgles de base qui consiste Ă  alterner les styles est une forme trĂšs simplifiĂ©e de « donner envie ».

AprĂšs une tanda Ă©nergique, comme une tanda de milongas, il est courant de proposer une tanda plus calme, voire romantique. Si on propose une tanda tonique Ă  la place de cette tanda calme, il faudra qu’elle soit irrĂ©sistible. Les danseurs se jetteront alors sur la piste et le moment de calme sera repoussĂ© Ă  la tanda suivante. Ils ne l’apprĂ©cieront que mieux.

La construction de la tanda suscite aussi l’envie. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est plus facile de faire des tandas de quatre que de trois, car on a plus de graduation pour guider les danseurs. On peut commencer calme et terminer avec beaucoup d’énergie. Dans une tanda de trois, les transitions risquent d’ĂȘtre plus heurtĂ©es ou il faudra se limiter dans la progression.

En rĂ©sumĂ©, il y a tellement de facteurs Ă  prendre en compte que toutes les qualitĂ©s possibles seront utiles au DJ de tango qui n’est pas un crĂ©ateur comme le DJ de boĂźte de nuit. Il est celui qui propose avec empathie, avec le seul but de faire passer une excellente soirĂ©e aux danseurs.

Un dernier point, il doit aussi ĂȘtre masochiste, car la responsabilitĂ© du DJ rend le travail trĂšs stressant et il est frustrant de ne pas pouvoir danser avec les danseurs quand le bal est magnifique.

Voir aussi :
DJ de tango, la grande incompréhension
Questionnaire DJ

Questionnaire DJ -— Est-ce que c’Ă©tait bien ?

Est-ce que c’était bien ? Questionnaire DJ

(Traduction de la page https://mshedgehog.blogspot.com/2012/08/was-that-good-dj-questionnaire.html) rĂ©alisĂ©e par une danseuse de Londres et publiĂ©e le samedi 4 aoĂ»t 2012


Être un bon DJ est une Ă©norme quantitĂ© de travail. PossĂ©der beaucoup de musique n’est pas suffisant. Cela nĂ©cessite Ă©galement des connaissances, du goĂ»t et une prĂ©paration extrĂȘmement longue. Ça ne m’intĂ©resse pas de le faire, parce que c’est beaucoup trop de travail, et je prĂ©fĂšre danser (l’article est Ă©crit par une danseuse londonienne (NDT BYC). Il n’est bien fait que par des gens qui aiment vraiment le faire pour eux-mĂȘmes, et qui aiment vraiment faire le travail qui est requis.

Les danseurs mal informĂ©s et sans attentes crĂ©ent un mauvais DJing et l’aident Ă  persister, et un mauvais DJing limite la qualitĂ© globale de la danse en rendant la danse sociale beaucoup plus difficile qu’elle ne devrait l’ĂȘtre.

J’aimerais que les DJ soient plus apprĂ©ciĂ©s. Cette check-list a pour but d’aider le danseur, en particulier le dĂ©butant, Ă  rĂ©flĂ©chir au DJing. Il ne suppose pas plus de connaissances musicales que la capacitĂ© de faire la diffĂ©rence entre le tango, la milonga et la valse, mais il repose en partie sur le fait que la musique de tango a un sens pour vous et vous donne envie de bouger. Certaines sont trĂšs subjectives, mais d’autres ne le sont pas. Profitez des morceaux de grĂące habituels.

Commencez Ă  0. Ajoutez ou dĂ©duisez des points comme indiquĂ© pour comparer les DJ. Vous pouvez choisir plus d’une rĂ©ponse pour certaines questions. Si vous vouliez le personnaliser en fonction de vos prioritĂ©s, vous pouvez Ă©videmment modifier les scores. J’ai tendance Ă  pĂ©naliser les mauvaises performances sur les choses les plus mĂ©caniques et les plus mesurables, parce qu’il n’y a aucune bonne raison de se tromper.

Bases musicales
Est-ce que certaines musiques ne convenaient pas Ă  la danse du tango en sociĂ©té ? Par exemple :

  • Elle vous demande de rester immobile et de poser, comme un pavĂ©, plutĂŽt que de danser
  • Il est impossible de s’y adapter Ă  moins de connaĂźtre l’enregistrement particulier par cƓur
  • Elle suggĂšre fortement de grands mouvements dramatiques rapides et des changements soudains de vitesse qui sont grossiers et peu pratiques pour la danse sociale dans l’espace disponible
  • C’est de la bonne musique de danse, mais elle fait ressortir le pire des danseurs qui sont lĂ .

En cas de doute, regardez la salle dans son ensemble : les indices sont que la ligne de danse cesse de se dĂ©rouler et sombre dans le chaos, il y a beaucoup de chutes, et la plupart des danseurs vraiment bons s’assoient, se cachent ou vont fumer Ă  moins que quelqu’un ne les attrape. Si c’est ce Ă  quoi ressemble normalement votre milonga, ajustez votre jugement en consĂ©quence. [Édit. : Ce que vous cherchez, c’est si le DJ, ou une tanda individuelle font la diffĂ©rence].

  1. Aucun de ces problĂšmes ne s’est produit (+10)
  2. Un ou deux moments douteux (-5)
  3. Plusieurs sections douteuses (-7)
  4. Tanda aprĂšs tanda, je m’ennuyais, j’ai reçu des coups, ou les deux (-10)

Avez-vous dĂ©jĂ  Ă©tĂ© surpris par une piĂšce qui ne correspondait pas Ă  cette tanda et qui vous a causĂ© des difficultĂ©s, de l’embarras ou de la dĂ©ception Ă  vous ou Ă  votre partenaire ? Par exemple :

  • Un changement d’humeur ou de style choquant au milieu de la tanda, de sorte que vous avez senti que vous deviez dĂ©visser votre tĂȘte et la revisser
  • Une ouverture trompeuse qui signifiait que vous passiez Ă  cĂŽtĂ© d’une tanda que vous auriez autrement aimĂ©e
  • Une piĂšce faible ou dĂ©cevante au milieu, ou Ă  finir
  • Changements de vitesse excessivement brusques
  • Une tanda mĂ©langĂ©e de musique que vous auriez prĂ©fĂ©rĂ© danser avec deux personnes diffĂ©rentes – ou une partie pas du tout.
  1. Aucun de ces problĂšmes ne s’est produit (+10)
  2. Une ou deux fois, peut-ĂȘtre une question d’opinion (-3)
  3. Plus, peut-ĂȘtre une question d’opinion (-5)
  4. Une ou deux fois, sans aucun doute ! (-7)
  5. Plus que cela (-10)
  6. Tout le temps de retournement ! (-15)

Dans l’ensemble, sans se soucier de pistes spĂ©cifiques, quelle Ă©tait la qualitĂ© du son ?

  1. Bon – j’ai pu sentir la musique et vraiment m’y plonger (+7)
  2. OK – Je l’entendais de partout (+5)
  3. MĂ©diocre – je ne pouvais pas l’entendre assez clairement pour entrer dedans correctement – Ă©touffĂ© / pas de dĂ©tail / pas de profondeur / trop silencieux / fort, mais boueux / dĂ©formĂ© / trop fort parce que DJ est sourd (-5)
  4. Ne s’applique pas, l’Ă©quipement de ce lieu est mĂ©diocre, donc je ne peux pas le dire (0)

Y a-t-il eu de mauvais choix de pistes spécifiques, comme quelque chose de beaucoup trop rapide, beaucoup trop lent, ou avec une qualité sonore inacceptable ?

  1. Non (+5)
  2. Un ou deux, incertains (0)
  3. Plus que cela (-5)

Les cortinas vous ont-elles rendu heureux ?

  1. Oui (+5)
  2. Elles ont rendu les gens heureux, mais pas moi en particulier (+3)
  3. Non, elles étaient généralement ennuyeuses (-3)
  4. Elles n’ont pas fait le travail, je n’ai pas toujours pu dire ce qui Ă©tait une cortina ou s’il y en a eu (-5)
  5. Ne s’applique pas – cette milonga a une politique de non-cortinas (0)

Il y avait-il suffisamment de tandas de vals (V) et milonga (M) par rapport au tango (T), et elles Ă©taient-ils jouĂ©es de maniĂšre rĂ©guliĂšre pour que vous sachiez oĂč vous Ă©tiez ?

  1. À peu prĂšs Ă  droite – quelque part dans la gamme TTVTTM ou TTTTVTTTTM, tout ce qui avait du sens compte tenu de la longueur de cette milonga (+5)
  2. Pas assez – TTTTTTTTTTM ou quelque chose comme ça (-5)
  3. Trop – TVTMTVTMTVTM DJ WTF ? (-7)
  4. Tellement chaotique que je ne pouvais pas dire – TT VV TTTTVTTTTTMTMV, ou quelque chose comme ça. (-10)
  5. « Tanda » n’est pas le bon mot. (-15).

Les cortinas Ă©taient-elles assez longues pour que vous puissiez dĂ©gager la piste et trouver votre prochain partenaire sans obstruer la vue de quelqu’un d’autre, compte tenu de la taille de la piĂšce, et en supposant qu’il y ait un endroit pour s’asseoir ?

  1. Oui (+3)
  2. Non (-3)

Le DJ a-t-il diffusĂ© gracieusement Ă  la fin avec de la musique qui n’est pas du tango pour que les gens se calment et s’Ă©claircissent, en supposant que cela soit possible ?

  1. Oui (+4)
  2. Non, il a utilisĂ© le temps prĂ©vu et s’est arrĂȘtĂ© lĂ  (0)

Professionnalisme

La musique a-t-elle retenu toute l’attention du DJ ?

  1. Oui, tout ou presque tout le temps (+5)
  2. Oui, autant que nécessaire dans la situation (+3)
  3. Moins que cela (-3)
  4. Non, il est sorti fumer et la musique s’est arrĂȘtĂ©e (-10)
  5. Non, il a mis une playlist/CD et s’est fĂąchĂ© avec les danseurs (-20)

S’il y avait des problĂšmes avec l’Ă©quipement, le DJ les a-t-il traitĂ©s calmement et avec compĂ©tence ?

  1. Oui, exceptionnel – par exemple, il est rentrĂ© chez lui et a achetĂ© un meilleur Ă©quipement. Il a trouvĂ© un autre ordinateur (+7)
  2. Satisfait aux attentes – contournement du problĂšme et correction (+5)
  3. Un drame ! Mais il s’en est sorti (+3)
  4. Non (-5)
  5. Sans objet (0)

Le DJ a-t-il eu de la difficultĂ© Ă  utiliser l’Ă©quipement de sonorisation ?

  1. Non (+2)
  2. Il y a eu quelques conneries faites (-2)
  3. Il y a eu quelques problÚmes, mais compréhensibles dans les circonstances (0)
  4. Le DJ n’Ă©tait clairement pas prĂ©parĂ© (-7)

Le DJ a-t-il semblĂ© Ă  un moment donnĂ© oublier pourquoi il/elle Ă©tait lĂ  ? A-t-il, par exemple, suivi une performance de vingt minutes, dans une milonga de trois heures, avec une piste de jive de cinq minutes pour qu’un seul couple puisse danser dans une performance bonus non officielle, pendant que tous les autres attendaient comme des citrons, comme s’ils attendaient les photos d’un mariage qui se retourne, et dans la position inconfortable de devoir prĂ©tendre qu’ils n’Ă©taient pas du tout ennuyĂ©s et qu’ils n’avaient rien de mieux Ă  faire que de regarder cette vanitĂ© ?

  1. Non (0)
  2. Oui (-5)
  3. Oui, et ce couple se comprenait lui-mĂȘme ou son conjoint/partenaire et/ou au moins un membre du couple qui venait de se produire (-10)
  4. Oui, mais, j’Ă©tais d’accord avec ça dans les circonstances (0)

S’il y avait un intermĂšde de danse traditionnelle, comme la chacarera, ou une autre danse comme le jive ou la salsa, Ă©tait-il bien programmĂ©, pas trop long et agrĂ©able pour un nombre raisonnable de personnes prĂ©sentes ?

  1. Oui, c’Ă©tait amusant, ça m’a plu / ça ne m’a pas dĂ©rangĂ© de regarder (0)
  2. Non, c’Ă©tait un bordel fastidieux, personne ne pouvait danser dessus, ou ça prenait la derniĂšre heure avant le dernier mĂ©tro ! (-5)
  3. C’Ă©tait ennuyeux, mais c’Ă©tait exigĂ© par les professeurs invitĂ©s ou le lieu (0)

Questions

La musique Ă©tait-elle :

  1. PrĂ©tentieusement salĂ© avec l’indansable, l’obscur ou l’inappropriĂ© (-10)
  2. DisposĂ©s de maniĂšre irrĂ©flĂ©chie au fil du temps, avec de bonnes choses gĂąchĂ©es par le fait d’ĂȘtre trop proches les unes des autres (-5)
  3. D’accord, mais Ă  un rythme, trop d’un genre de chose (+5)
  4. Bon, mais avec un style de DJ qui n’est tout simplement pas Ă  mon goĂ»t (+10)
  5. Convenablement variée, avec un bon mélange entre rythmique et lyrique et dramatique, compte tenu de la situation (+15)
  6. Brillamment mixĂ©, chaque tanda donnant l’impression d’ĂȘtre un changement parfait aprĂšs le prĂ©cĂ©dent (+20)

Qu’avez-vous ressenti par rapport Ă  « l’Ă©nergie » dans la piĂšce ?

  1. Confus et chaotique. (-7)
  2. Bas. Ni moi ni mes partenaires prĂ©fĂ©rĂ©s n’avons pu entrer dans la musique. (-5)
  3. Un peu plat, j’aimais bien la musique, mais je n’avais pas vraiment eu envie de m’y plonger (-2)
  4. Bien, ça se passait toujours bien (+5)
  5. Magnifique, il a réussi avec de bonnes sensations, variées (+10)
  6. Fantastique, j’ai passĂ© une excellente soirĂ©e, tout le monde Ă©tait en effervescence, tout coulait de source et j’Ă©tais aussi trĂšs heureux quand j’Ă©tais assis (+15)

Choisissez trois trĂšs bons danseurs sociaux qui Ă©taient lĂ , de prĂ©fĂ©rence cĂ©libataires. À quel point semblaient-ils danser ?

  1. Pas du tout, peut-ĂȘtre une ou deux tandas avec la bonne personne (-5)
  2. Un peu, comme d’habitude en fait (0)
  3. Plus que d’habitude (+5)
  4. Tout le temps, et en prenant plus de risques que d’habitude avec le choix du partenaire (+10)

Subjectivement, qu’en avez-vous pensĂ© ? Pas de scores ici – comparez avec ce que vous avez obtenu ci-dessus.

  1. C’Ă©tait gĂ©nial / ça a Ă©tĂ© une rĂ©vĂ©lation pour moi / ça a transformĂ© le lieu ou la situation pour le mieux.
  2. C’Ă©tait trĂšs bien. J’en Ă©tais trĂšs content.
  3. C’Ă©tait bien, mais il y avait quelques dĂ©fauts, ou c’Ă©tait bien fait, mais ce n’Ă©tait pas mon truc.
  4. C’Ă©tait bon et constant, je pouvais lui faire confiance, mais peut-ĂȘtre que ce n’Ă©tait pas inspirant.
  5. C’Ă©tait gĂ©nĂ©ralement inoffensif et ne m’a pas causĂ© de problĂšmes sĂ©rieux.
  6. Pas bon – c’Ă©tait faible ou m’a ennuyĂ© plusieurs fois.
  7. C’Ă©tait pauvre. Je ne pouvais pas lui faire confiance. Si quelque chose de bien se prĂ©sentait, je devais prendre quelqu’un.
  8. C’Ă©tait mauvais – moi, ou mes partenaires envisagĂ©s, nous ne voulions tout simplement pas danser. Inutile de rester.

Je tracerais la ligne de démarcation entre 4 et 5.

Article original (en anglais) https://mshedgehog.blogspot.com/2012/08/was-that-good-dj-questionnaire.html
Article original dans Web Archives (au cas oĂč il disparaitrait du blog d’origine) https://web.archive.org/web/20231120051440/https://mshedgehog.blogspot.com/2012/08/was-that-good-dj-questionnaire.html

DJ de tango, la grande incompréhension


“Il suffit de secouer un arbre pour que 10 DJ en tombent

L’article original avait Ă©tĂ© publiĂ© en 2014 sur mon ancien site

Un organisateur me disait il y a quelques temps qu’il suffisait de secouer un arbre pour que 10 “DJ” en tombent.
L’arrivĂ©e de l’ordinateur dans le DJiing et la diffusion de tangos via Internet ont trĂšs clairement dĂ©mocratisĂ© le mĂ©tier de DJ de tango. Il suffit dĂ©sormais de tĂ©lĂ©charger des playlists pour se dire DJ.

C’est un peu facile, mais est-ce souhaitable pour les danseurs ?
Bien sĂ»r, ce phĂ©nomĂšne existait auparavant avec les compilations organisĂ©es en tandas, vendues par certaines milongas et DJ portĂšgnes, ou par divers autres canaux. Ce qui est nouveau maintenant, c’est que la facilitĂ© d’utilisation de l’ordinateur permet de mĂ©langer ces morceaux, sans avoir Ă  maĂźtriser les outils en temps rĂ©el.
Et c’est lĂ  que le bĂąt blesse. En effet, une compilation, qu’elle soit en provenance d’une milonga de Buenos Aires, ou qu’elle ait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă  la maison par l’apprenti DJ, NE PEUT CONVENIR À COUP SÛR À LA MILONGA en cours de musicalisation.

Sentir la milonga

Le rĂŽle du DJ est de diffuser le bon morceau au bon moment. Si c’est pour diffuser une playlist, il suffit d’un CD gravĂ©, d’un lecteur mp3 ou d’un ordinateur. Je me demande quel peut ĂȘtre l’intĂ©rĂȘt pour le DJ qui reste 5 heures ou plus derriĂšre son ordi Ă  faire semblant de bricoler une playlist qui est de toute façon immuable


Je comprends mieux les motivations de ce DJ qui se contente de couper la fin de la cortina sur son lecteur mp3 pour ĂȘtre le premier sur la piste. Lui, il veut danser sur les musiques qu’il aime et peu importe le vĂ©cu des danseurs (ou non-danseurs qui voient le DJ, s’agiter sur la piste alors qu’eux attendent un titre Ă  peu prĂšs Ă  leur goĂ»t).

Pour moi, le DJ doit sentir la milonga, regarder ceux qui ne dansent pas, repĂ©rer ce qui fait lever certains et pas d’autres, afin que chaque sensibilitĂ© puisse trouver de quoi avoir envie de danser. Il pourra faire des tests, par exemple en variant les cortinas, ou en observant les rĂ©actions devant un morceau un peu plus surprenant.

Mais dans tous les cas, c’est l’adĂ©quation entre les envies des danseurs et la programmation qui fera le succĂšs de la soirĂ©e.

Le choix du DJ

J’ai Ă©tĂ© trĂšs interpelĂ© il y a quelque temps en discutant avec un organisateur qui me disait qu’il sĂ©lectionnait ses DJ par rapport Ă  leur style. Je crois qu’il pensait que mettre un DJ « cataloguĂ© Â» d’un style proche de sa milonga Ă©tait un gage de qualitĂ©. De fait, s’il lui arrive de faire venir de bons DJ, il recrute finalement, surtout des maniaques de la playlist.

Vous avez tous en tĂȘte certains DJ capables de musicaliser un festival, une milonga de Buenos Aires ou un encuentro milonguero avec le mĂȘme bonheur, mais pas avec la mĂȘme musique. C’est que ce DJ sait jouer des paramĂštres offerts par la musique et des moyens techniques Ă  sa disposition pour s’adapter rĂ©ellement Ă  son public.

ParamĂštres Ă  la disposition du DJ pour adapter sa musicalisation

Les orchestres sont la premiĂšre variable. Il est possible de varier les orchestres pour Ă©viter la monotonie.

Les styles des orchestres est un facteur important. Notons aussi qu’un mĂȘme orchestre, suivant les pĂ©riodes peut avoir des ambiances diffĂ©rentes.

Les formes de tangos (chantés, instrumentaux, canyengue ou autres) sont trÚs directement ressenties par les danseurs. Cependant, globalement, les titres chantés sont majoritaires car ils sont plus plaisants à danser à condition de choisir des tangos chantés et pas des chansons de tango, ce qui est une erreur beaucoup trop fréquente chez les apprentis DJ et qui plombent assurément la tanda


L’énergie des morceaux est sans doute le paramĂštre essentiel et souvent mal gĂ©rĂ©. Il ne faut en effet pas confondre Ă©nergie et vitesse. Des morceaux d’apparence calmes comme certains titres de Calo peuvent ĂȘtre trĂšs Ă©nergiques et inversement, des tangos bruyants et rapides peuvent ĂȘtre complĂštement plats Ă  danser. Certains DJ confondent ces paramĂštres et vont diffuser des orchestres de style ou sonoritĂ© diffĂ©rents, mais qui ont tous la mĂȘme Ă©nergie. Cela crĂ©Ă© l’ennui Ă  coup sĂ»r


L’organisation des tandas est trĂšs importante selon moi. En effet, si le premier morceau est destinĂ© Ă  faire se lever le plus de danseurs que possible, il ne faut pas que les autres déçoivent. Ils doivent ĂȘtre donc d’une Ă©nergie semblable et de prĂ©fĂ©rence ascendante. Les danseurs ne doivent pas non plus subir de choc causĂ©s par des titres mal assemblĂ©s.

RĂ©activitĂ© et adaptation sont trĂšs importantes. Il m’arrive frĂ©quemment de changer une tanda en cours de diffusion en fonction de ce qui se passe sur et autour de la piste. Si le premier titre n’a pas fait lever assez de monde, je place un second titre plus efficace, voire, je change l’ambiance de la tanda en la faisant Ă©voluer. Je pense par exemple Ă  une tanda de canyengue qui peut selon les publics passer parfaitement ou bien fatiguer. Je fais alors Ă©voluer la tanda vers des canyengues plus rapides, voire plus du tout canyengue si cela n’a pas du tout de succĂšs.

L’organisation des tandas en ronda est aussi un Ă©lĂ©ment sur lequel le DJ peut jouer. Pour ma part, je diffuse quasiment toujours des tandas de quatre, y compris pour les valses et sauf pour les milongas ou des titres nuevos parfois plus longs. J’adopte cependant parfois les tandas de trois, sur une partie de la milonga, par exemple lorsque la durĂ©e est trĂšs courte et s’il y a un gros dĂ©sĂ©quilibre des partenaires. C’est cependant quelque chose que je rĂ©pugne un peu Ă  faire car cela entre dans la mode du « zapping Â» et l’on s’éloigne du tango. Il me semble prĂ©fĂ©rable de faire des milongas qui durent plus longtemps afin d’offrir Ă  tout le monde une chance de bien danser (c’est d’ailleurs le choix effectuĂ© par les portĂšgnes
). La ronda comporte traditionnellement des successions de styles du type T T V T T M ou T = Tango, V = Vals et M = Milonga). Pour les milongas courtes oĂč quand je veux donner beaucoup d’énergie, il m’arrive de faire T V T M, ou T V T T M. Il n’est pas possible d’utiliser cette ronda toute une milonga, car elle est trĂšs fatigante pour les danseurs
 D’autres DJ vont multiplier au contraire les tandas de tango pour diminuer le nombre de Vals et Milongas.

Le volume sonore est aussi trĂšs important Ă  considĂ©rer. Il arrive souvent que les cortinas soient plus fortes que les morceaux dansĂ©s. Je trouve cela illogique. C’est Ă  mon avis les tandas qui doivent donner l’ambiance. Les cortinas sont lĂ  pour Ă©changer quelques mots et se prĂ©parer Ă  la prochaine tanda. Je pense aussi que la musique doit ĂȘtre jouĂ©e suffisamment forte pour que l’on puisse enter dedans sans ĂȘtre obligĂ© de tendre l’oreille. Une cortina moins forte permettra de se reposer l’oreille et Ă©vitera d’avoir Ă  pousser exagĂ©rĂ©ment le volume de la tanda suivante pour couvrir les conversations qui auront Ă©tĂ© poussĂ©es pour couvrir le bruit de la cortina.

Je reste bref sur le choix des morceaux pour chaque compositeur et orchestre. C’est un des rĂŽles majeur du DJ, mais ce n’est pas souvent lĂ  qu’est le plus gros problĂšme (si on excepte la question des chansons diffusĂ©es comma tangos chantĂ©s). Le sĂ©rieux point noir vient de ce que ces morceaux sont diffusĂ©s dans un ordre hasardeux ou Ă  mauvais escient. Deux excellentes tandas peuvent se tuer si elles se succĂšdent car elles peuvent ĂȘtre d’une Ă©nergie trop proche (ou trop diffĂ©rente).

L’utilisation de l’ordinateur conduit aussi Ă  ne pas exploiter un des facteurs qui est l’intervalle entre les morceaux. Par dĂ©faut, j’ai un intervalle de 3,7 secondes entre les titres, mais il m’arrive de raccourcir ou prolonger cette durĂ©e en fonction du lieu, des danseurs et de l’énergie Ă  diffuser. Par exemple, dans une tanda oĂč il y a une dynamique mĂ©canique trĂšs entraĂźnante comme dans certains vals de d’Arienzo, il peut ĂȘtre intĂ©ressant de ne pas laisser de trop grands blancs pour que l’énergie reste en progression constante.

La longueur des cortinas est aussi Ă  prendre en considĂ©ration. Trop courtes, elles empĂȘchent d’avoir le temps de retourner s’assoir, ce qui pĂ©nalise le renouvellement des couples. Il faut avoir le temps de raccompagner sa danseuse et de prĂ©parer la suite
 Il ne faut pas qu’elle soit trop longue non plus. Une fois que les plus rapides ont fait leur choix, il est intĂ©ressant de lancer la tanda suivante


Dans la pratique, il y a des dizaines d’autres paramĂštres que doit pouvoir estimer et maĂźtriser le DJ. Je prendrai juste pour exemple la diffusion d’une tanda de milonga dans la derniĂšre heure d’une soirĂ©e. Certains DJ se l’interdisent par principe. En fait, c’est assez idiot dans la mesure oĂč, oĂč la milonga est apprĂ©ciĂ©e, cette derniĂšre tanda sera hyper bien vĂ©cue, dans le style Ă©clate finale. Il m’arrive dans d’autres endroits, de remplacer une tanda de milonga par des vals, ou plus rarement l’inverse.

Aux organisateurs

J’espĂšre que ces petits Ă©lĂ©ments vous permettront de voir plus clair sur comment choisir un DJ. Lorsque je suis danseur, j’ai envie de passer une bonne soirĂ©e et si je peux faire des kilomĂštres pour un DJ et mĂȘme si tous les danseurs ne sont pas aussi exigeants, ils sont globalement tous sensibles Ă  la musique et ils passeront, ou pas, une excellente soirĂ©e, avec fatigue, ou sans. Le DJ doit donc pouvoir veiller sur eux, en les mĂ©nageant ou en les tonifiant en fonction de l’ambiance du moment.

Un bon DJ a effectuĂ© un Ă©norme travail en amont pour connaĂźtre et organiser sa musique, de façon Ă  pouvoir programmer avec efficacitĂ© en direct. Ce travail mĂ©rite salaire et il me semble que l’on devrait payer le DJ en fonction de sa rĂ©ussite. J’ai proposĂ© Ă  certains organisateurs un paiement Ă  l’entrĂ©e. Curieusement, cela en gĂšne beaucoup. Pourtant, quand le DJ fait venir deux fois plus de monde que le public habituel, il semblerait logique qu’il soit mieux payĂ©.

A minima, faĂźtes ce petit questionnaire :

Aux DJ débutants

Bienvenue dans cette merveilleuse activitĂ© qui consiste Ă  faire danser le tango en choisissant des musiques. Je vous conseille trĂšs vite d’abandonner les playlists pour vous concentrer sur ce qui se passe dans la salle (y compris autour de la piste).

Vous pouvez en revanche organiser des tandas toutes faites, que vous diffuserez dans l’ordre qui convient Ă  l’ambiance du moment. C’est un premier pas vers l’adaptation. Ainsi, si vous avez besoin d’une tanda plus calme ou plus tonique, vous en aurez quelques-unes toutes prĂȘtes que vous pourrez diffuser en confiance, sachant que vous en ferez pas de grave faute de goĂ»t.

Lorsque vous aurez acquis de l’assurance, vous pourrez vous dĂ©tacher de ces tandas prĂ©fabriquĂ©es pour en crĂ©er de nouvelles en direct. Pour acquĂ©rir cette libertĂ©, il vous faut deux choses :

  1. Bien connaĂźtre votre musique
  2. Avoir bien organisĂ© sa musique (rien de plus bĂȘte que de passer une milonga ou une ranchera au milieu d’une tanda de vals car on a mal Ă©tiquetĂ© sa musique
).

Cela ne vous dispensera pas de la prĂ©-Ă©coute, notamment pour les cortinas… En gĂ©nĂ©ral, j’ai au moins deux musiques en mĂȘme temps dans les oreilles.
La musique de la salle, la musique de la cortina et/ou la tanda que je suis en train de préparer.
Il faut Ă©viter de s’isoler de la salle pour toujours avoir conscience de la qualitĂ© sonore de la diffusion. MĂȘme si j’utilise en gĂ©nĂ©ral des casques avec rĂ©duction de bruit, je n’active cette fonctionnalitĂ© que quelques instants, par exemple pour caler le dĂ©but d’un morceau dont je ne souhaite pas diffuser l’introduction.

Existe-t-il des tandas “classiques” ?

RĂ©ponse Ă  un message d’un danseur que je citerai s’il se reconnaĂźt…
Je crois que sa question Ă©tait en lien avec l’article tandas 5-4-3-2 ou 1

Existe-t-il une influence des vinyles sur l’ordre des morceaux d’une tanda ?

Byc Bernardo j’ai lu avec intĂ©rĂȘt ton article. Concernant l’apport des vinyles, je me suis fait la remarque que certaines tandas « classiques » que l’on entend parfois (du genre oĂč on peut prĂ©dire le morceau suivant) semblaient correspondre Ă  l’ordre des morceaux sur un vinyle d’origine. Je me suis donc demandĂ© si certains DJ Ă  l’époque, peut-ĂȘtre par facilitĂ©, laissaient les quatre morceaux dans l’ordre du disque (un peu comme pour les cassettes) et que, par habitude auditive, certains DJ actuels reprenaient ce mĂȘme ordre sans forcĂ©ment savoir qu’il avait Ă©tĂ© dictĂ© par.un aspect pratique au dĂ©but. Qu’en penses-tu ? As-tu pu observer cela ?

Danseur anonyme, car je ne me souviens pas…

Ma rĂ©ponse…

Excellente question, dont la rĂ©ponse est facile Ă  donner, c’est non đŸ˜‰

Les disques des tangos de l’ñge d’or Ă©taient des 78 tours qui ne comportaient qu’un morceau par face. Il n’y avait donc pas d’obligation d’enchaĂźner deux morceaux.

Les publications vinyles Ă©taient rĂ©alisĂ©es par des Ă©diteurs qui ne cherchaient pas forcĂ©ment Ă  satisfaire les danseurs. Les morceaux sont dans un ordre quelconque, ou plutĂŽt, ils sont organisĂ©s d’un point de vue « esthĂ©tique », pas du tout par tanda.

Le concept de disque tanda est mĂȘme assez rĂ©cent et quelques orchestres comme la Romantica Milonguera se sont lancĂ©s dans cette stratĂ©gie. C’est d’ailleurs un problĂšme pour les orchestres contemporains qui n’ont pas leur style propre, ils font un morceau dans le style de d’Arienzo, un dans le style de Di Sarli et ainsi de suite et il est impossible d’en faire une belle tanda. Évidemment, les orchestres monostyles, comme la Juan d’Arienzo, sont plus faciles Ă  utiliser.

Sur l’organisation Ă  l’identique de tandas par diffĂ©rents « DJs », j’attribuerai cela plutĂŽt Ă  l’origine commune des tandas. À Buenos Aires, chaque DJ arrondit ses fins de mois en vendant des Playlists, y compris avec les cortinas toutes faites.

Tu l’auras compris, c’est du tout-venant et rarement de bonne qualitĂ©, les DJ conservent jalousement leurs meilleurs atouts.

D’autres rĂ©cupĂšrent des playlists sur YouTube ou autres endroits, cela ne relĂšve pas le niveau.

Mais, on peut en dire plus…

Cependant, il y a des logiques.

  • Les titres d’une tanda ne sont pas mis en Ɠuvre de façon alĂ©atoire. Pour moi, c’est comme une exposition de peinture, il doit y avoir une harmonie d’ensemble. Cela peut se faire en ayant des titres de la mĂȘme pĂ©riode, mais ce n’est pas totalement sĂ»r, les orchestres pouvant avoir enregistrĂ© le mĂȘme jour une version Ă  Ă©couter et une Ă  danser, ou des titres Ă  la mode qui n’ont rien Ă  voir. AprĂšs la pandĂ©mie, Ă  Buenos Aires, plusieurs DJ s’étaient mis Ă  mĂ©langer dans les tandas des tangos instrumentaux et des chantĂ©s. C’est un peu passĂ© de mode maintenant. Depuis la pandĂ©mie, beaucoup de choses ont changĂ© et les organisateurs/DJ, cherchent des formules pour attirer la manne des touristes qui ont un taux de change trĂšs avantageux.
  • Une tanda est un voyage. On propose au dĂ©but un morceau qui donne envie de se lever, puis on propose une progression. Le couple augmente en compĂ©tence et la derniĂšre piĂšce est donc une apothĂ©ose, les danseurs Ă©tant parfaitement accordĂ©s, il est possible de se « lĂącher » (ce qui est Ă©tonnant si on considĂšre que l’abrazo est serrĂ©). Lorsque l’orchestre est trĂšs prolifique, il y a beaucoup de façon d’organiser les thĂšmes. Quand il a moins enregistrĂ©, c’est plus compliquĂ©. Si on respecte l’harmonie des titres et le voyage, il reste peu de choix et donc, la redite est probable.

La cassette, ferait-elle un coupable idéal ?

Maintenant que j’ai donnĂ© plusieurs pistes, je vais te donner une raison bien plus probable. En effet, lorsque Philips a sorti la cassette, les DJ se sont jetĂ©s dessus. Pour des raisons de soliditĂ©, les DJ utilisaient uniquement les C60 qui avaient 30 minutes par face. Elles permettaient donc de caser 2X5 titres sur une face.

Ainsi, sur une cassette D’Arienzo, il y avait 4 tandas possibles (de 5 titres chacune). Cela conduisait Ă  lire les titres dans le mĂȘme ordre et pire, les tandas dans le mĂȘme ordre. Car il est impossible de rembobiner les K7 en cours de milonga. On passe donc la premiĂšre tanda, ensuite la cortina sur une autre cassette (qui elle est rembobinĂ©e Ă  chaque passage pour revenir au dĂ©but de la cortina qui Ă©tait toujours la mĂȘme). Ensuite, le DJ choisissait la cassette d’un autre orchestre et quand il voulait revenir Ă  D’Arienzo, il jouait la deuxiĂšme tanda de la premiĂšre face de la disquette.

Pour en savoir plus sur ce thĂšme et la raison du nombre de titres d’une tanda, je t’invite Ă  lire un article que j’ai proposĂ© sur le sujet : https://dj-byc.com/tandas-de-5-4-3-2-ou-1/

Je pourrai rajouter plusieurs explications, du genre, la paresse de certains qui fabriquent des playlists Ă  l’avance et qui ne se donnent pas la peine de composer les tandas en direct. Dans une certaine mesure, ils ont raison, si les organisateurs font appel Ă  eux et dĂ©pensent de l’argent pour payer quelqu’un qui pourrait ĂȘtre remplacĂ© par un lecteur de CD
 ils auraient tort de se priver. J’ai vu certains de ces DJ passer des playlists qui portaient le nom d’autres Ă©vĂ©nements, ou qui passent toujours les mĂȘmes titres, car ils sont itinĂ©rants et que donc personne ne se rend compte qu’ils passent toujours la mĂȘme chose.

Je pense que si tu as participĂ© Ă  une milonga que j’anime tu as eu un peu plus de mal Ă  deviner ce qui va suivre, car justement, j’essaye de proposer des titres moins connus ou de les enchaĂźner de façon plus originale pour susciter l’intĂ©rĂȘt et la curiositĂ©. Ce sont les danseurs qui me donnent des idĂ©es et je tire le fil. Un titre s’impose Ă  moi et selon le moment, je trouve de quoi l’accompagner pour renforcer le thĂšme. Par exemple, hier, plusieurs thĂšmes me sont passĂ©s par la tĂȘte, comme les oiseaux (au jardin Massey Ă  Tarbes), le cafĂ© (pour la buvette du jardin).

Ensuite, le DJ conduit aussi les danseurs. En mettant un titre qui en Ă©voque un autre, il place Ă  l’insu des danseurs, l’idĂ©e du titre plus connu et quand celui-ci arrive, c’est comme une dĂ©livrance (au sens paysan du terme ; —)

Hommage Ă  un extraordinaire DJ

Mon DJ prĂ©fĂ©rĂ©, Daniel Borelli (Buenos Aires) est un as dans la composition des tandas et dans la succession des tandas. Ma grande fiertĂ© est de deviner quel orchestre il va mettre aprĂšs la tanda qu’il vient de passer. Cela fait prĂšs de quinze ans que je le suis, et il arrive toujours Ă  me surprendre dans la composition des tandas, mais plus rarement dans l’enchaĂźnement des tandas đŸ˜‰

Chacarera pour/for/para tango DJS (Conseils/Tips/Consejos)

Choisir une chacarera / Elegir una chacarera / To choose a chacarera

Dans la plupart des milongas portĂšgnes, on pratique des danses folkloriques. Depuis une quinzaine d’annĂ©es, j’essaye de proposer une tanda de folklore dans les milongas que j’anime. La chacarera commence Ă  bien prendre et j’ai mĂȘme eu le bonheur de voir des zambas dansĂ©es en France.
Pour aider au développement du phénomÚne, je vous propose quelques conseils pour choisir des chacareras qui ne vont pas dérouter les danseurs novices.

In most milongas of Buenos Aires, folk dances are performed.
For the past fifteen years, I have been trying to offer a tanda of folklore in the milongas that I do. The chacarera is starting to take well and I even had the pleasure to see zambas danced in France.
To help develop the phenomenon, I offer some tips for choosing chacareras that will not confuse novice dancers.

En la mayoría de las milongas porteñas hay bailes tradicionales.
Durante los Ășltimos quince años, he tratado ofrecer una tanda del folclore en las milongas que asumo. La chacarera estĂĄ empezando a tomar bien y tuve el placer ver zambas bailado en Francia tambiĂ©n.
Para ayudar a desarrollar el fenĂłmeno, doy acĂĄ algunos consejos para elegir chacareras que no confundirĂĄn a los principiantes.

Animer une chacarera / Guiar a una chacarera / How to help for a chacarera

Animer une chacarera

Lorsque les danseurs sont peu familiers avec la chacarera, il est utile de les aider pour que le résultat ne vire pas à la pagaille. Voici quelques conseils.

Annoncer l’intermùde de folklore

Il faut laisser le temps aux danseurs de se placer. Le mieux est de lancer une introduction bien marquĂ©e qui signifiera aux danseurs que l’on va danser une chacarera. Cette introduction peut ĂȘtre une introduction spĂ©cifique ou le dĂ©but d’une chacarera, pas forcĂ©ment celle que l’on dansera.
Attention Ă  ne pas laisser se dĂ©rouler plus que les introductions pour Ă©viter que les danseurs plus avancĂ©s commencent. On peut mettre une intro en boucle pour quand les danseurs sont longs Ă  s’organiser.

Penser Ă  annoncer de se munir d’un pañuelo si on a prĂ©vu une zamba dans l’intermĂšde de folklore.

Positionner les danseurs

En gĂ©nĂ©ral, on place les hommes sur une ligne en face d’une ligne de femmes. Il est souvent utile de proposer que les danseurs se positionnent Ă  un endroit prĂ©cis. Par exemple : « Les hommes du cĂŽtĂ© des fenĂȘtres ». Les femmes se positionneront en face de leur partenaire.

Si les danseurs sont nombreux, on peut proposer de faire deux ou plusieurs lignes. Mais en gĂ©nĂ©ral, quand ils sont nombreux, ils savent Ă  peu prĂšs s’organiser.

Les danseurs sont dans leurs lignes, face à leurs partenaires. Le DJ peut lancer la musique de la chacarera qui sera dansée.

Annoncer le dĂ©but « adentro »

MĂȘme Ă  Buenos Aires, il est courant d’annoncer le dĂ©but de la danse par « adentro ». Si vos danseurs ont lu le guide pour choisir les chacareras, ils n’auront pas besoin de cette aide, car ils auront Ă©coutĂ© l’introduction. Cependant, beaucoup de musiques de folklore contiennent l’adentro annoncĂ© par l’orchestre.

Cela me semble donc indispensable de l’annoncer, mĂȘme si l’orchestre le dit, car les danseurs europĂ©ens ne sont pas tous bien familiers avec cela.

Cela permet un dĂ©part plutĂŽt franc et le rĂ©sultat d’ensemble aura plus de chance d’ĂȘtre harmonieux.

Pour mĂ©moire, voici la chorĂ©graphie. On peut annoncer les diffĂ©rentes phases si les danseurs se dĂ©calent et plus particuliĂšrement ce qui est en gras, car c’est le dĂ©but et l’annonce du final. Cela Ă©vite que certains commencent trop tard ou termine trop tard


Voz preventiva: Adentro
1Âș Figura : Avance y retroceso   4 compases
2Âș Figura : Giro – 4  Compases
3Âș Figura : Vuelta entera — 6 u 8 compases
4Âș Figura : Zapateo y zarandeo – 8 compases
5Âș Figura : Vuelta entera — 6 u 8 compases
6Âș Figura : Zapateo y Zarandeo – 8 compases
Voz preventiva: Aura
7Âș Figura : Media vuelta – 4 compases
8Âș Figura : Giro y coronaciĂłn   4 compases

Pour la seconde partie, on peut en général se contenter de adentro et aura.

Et aprĂšs la premiĂšre chacarera

Si tout s’est bien passĂ© et qu’il y a une bonne partie des danseurs sur la piste, on fait en gĂ©nĂ©ral une seconde chacarera.

Pas de consigne particuliÚre. On peut encourager le frappé des mains en annonçant palmas. Pour ma part, je marque le rythme avec des claquements de langue au microphone.

Il me semble moins utile de le faire pour la premiĂšre chacarera, car les danseurs se mettent en place et on peut avoir des consignes Ă  donner. Cela peut aussi gĂȘner pour l’écoute du nombre de compases (6 ou 8).

Pour la seconde, cela me semble utile, car ça permet d’entretenir l’ambiance et d’éviter que les danseurs retournent Ă  leur place. On peut aussi en profiter pour encourager les timides qui n’ont pas dansĂ© la premiĂšre chacarera Ă  rejoindre la piste.

En gĂ©nĂ©ral, on propose toujours une chacarera Ă  8 compases pour la premiĂšre et si on dĂ©cide de proposer une chacarera Ă  6 compases pour la seconde, c’est que le niveau est satisfaisant, mais il faudra veiller Ă  ce que les danseurs ne se laissent pas surprendre en terminant trop tard leurs vueltas.

Si on a la chance d’ĂȘtre dans un lieu oĂč les danseurs pratiquent aussi la zamba, on terminera l’intermĂšde de folklore par une zamba. Le fait d’avoir annoncĂ© de prendre le pañuelo Ă  l’avance permet de savoir si la proposition d’une zamba est pertinente.

Si personne ne danse la zamba, cela fera une belle cortina


En gĂ©nĂ©ral, je laisse la zamba mĂȘme s’il n’y a qu’un ou deux couples. Cela fait un peu dĂ©mo, mais c’est une façon d’encourager le dĂ©veloppement de cette danse magnifique.

MichĂšle et Christophe, deux danseurs ayant dansĂ© magnifiquement une zamba dans une milonga que j’animais. SĂ»r qu’ils ont crĂ©Ă© des vocations car depuis, je passe un peu plus de zambas…

Archives de l’ancien site DJ BYC Bernardo (Avant 2023)

dj-byc.com est sur WebArchive

Web Archive est un service qui mĂ©morise des millions de sites Internet. Par chance, il a enregistrĂ© le site Ă  diffĂ©rentes reprises, ce qui peut vous permettre de retrouver d’anciens articles qui ont Ă©tĂ© dĂ©truits suite au piratage du site.

Vous pouvez retrouver la plupart des anciens articles

Le premier site a été mis en ligne au tout début des années 2000 et a été à maintes reprises remanié. Web Archive a gardé des traces de certaines ces versions.

Si vous recherchez un article plus ancien, vous pourrez donc le retrouver grĂące Ă  Web Archive : https://web.archive.org/web/20221129045910/https://dj-byc.com/

Web Archives a sauvegardĂ© une grande partie de l’ancien site, ce qui vous permet de consulter les articles qui n’ont pas Ă©tĂ© rĂ©tablis.

Les modifications de 2022 et 2023 ont surtout Ă©tĂ© marquĂ©es par les tentatives de dĂ©jouer les pirates…

Les anciens articles qui sont toujours d’actualitĂ© seront rĂ©Ă©cris progressivement. Vous pouvez toutefois me rĂ©clamer les articles que vous souhaitez retrouver en prioritĂ© en me contactant.

Le plus beau, de tous les tangos du Monde…

Je ne vais pas vous parler de la chanson de Vincent Scotto et RenĂ© Sarvil, le Plus Beau Tango du Monde, mais des tangos prĂ©fĂ©rĂ©s des danseurs de tango.


Comme DJ, dĂšs que je capte une information sur les goĂ»ts d’un danseur, je le
note dans les commentaires du fichier. Ainsi, lors d’une milonga oĂč est prĂ©sent
ce danseur, je peux annoncer que je lui dédicace le titre ou la tanda.

Je vais ainsi passer le plus beau tango du Monde,
pour ce danseur. Mais il n’est pas seul sur la piste. Je ne parle pas des bras qu’il
devra trouver pour le danser, mais de tous les autres participants de la
milonga.

En gĂ©nĂ©ral, quand j’annonce cette dĂ©dicace, la communautĂ© de bal fait preuve
d’empathie et est prĂȘte Ă  danser sur le tango proposĂ©. Parfois, j’annonce que
si ça ne plaüt pas il faudra aller se plaindre à l’inspirateur de la tanda,
mais en fait, personne ne va se plaindre.

En effet, la seconde partie et le sujet que je souhaite traiter ici est, quel
est le meilleur tango de danse ?

Bien que je ne sois pas Normand, je vais répondre par ça dépend.
Ce « ça dĂ©pend » fait qu’il est utile d’avoir un DJ pour animer la milonga.
Sinon, cela ferait longtemps que l’on aurait une playlist « parfaite » que l’on
pourrait la servir en toutes les occasions.

Les goĂ»ts changent d’une milonga Ă  l’autre, d’une ville Ă  l’autre, d’un pays Ă  l’autre. La musique des milongas italienne ne ressemble pas Ă  celles d’Angleterre. La musique d’un encuentro milonguero n’est pas identique Ă  celle d’un festival et selon l’ñge des danseurs, les goĂ»ts diffĂšrent Ă©galement. Pour entrer plus en avant dans la complexitĂ©, les goĂ»ts Ă©voluent d’un jour Ă  l’autre et mĂȘme durant la milonga.

1 Ces statistiques de 2014 ont Ă©tĂ© Ă©tablies par Tango Tecnia. CE qui nous intĂ©resse ici, ce ne sont pas les rĂ©sultats, mais l’observation que selon diffĂ©rents critĂšres, comme la zone gĂ©ographique, le sexe ou l’ñge, les rĂ©sultats sont diffĂ©rents.

Le DJ, en dĂ©couvrant une milonga, fera rapidement une analyse en fonction des personnes prĂ©sentes, les vĂȘtements, les chaussures, l’ñge et il pourra s’aider de connaissances dont il connaĂźt les goĂ»ts. L’organisateur lui-mĂȘme pourra avoir donnĂ© des consignes, mais le DJ doit savoir les interprĂ©ter et relativiser


Durant la milonga, il continuera son Ă©valuation, enregistrant ce qui semble mieux fonctionner pour proposer d’autres tandas de ce type plus tard dans la milonga.

Des sondages en direct

Ces tests des danseurs s’appuient sur l’expĂ©rience du DJ, mais aussi sur des mĂ©thodes. Pour simplifier, disons qu’il existe quatre grands types musiques. Les musiques Ă  dominante intellectuelles comme la musique classique, la musique sentimentale, les musiques urbaines et les musiques de divertissement.

Ces quatre types de musique se rencontrons en tango et ont donnĂ© lieu aux quatre piliers du tango. Le classique, c’est le courant Pugliese (De Caro
), le romantique, Di Sarli (Calo
), l’urbain, Troilo et le ludique, D’Arienzo.

On considĂšre que ces quatre orchestres sont incontournables dans une milonga, car ils reprĂ©sentent les quatre aspects, Ă©motions, qui permettent d’éviter la monotonie et qui donnent satisfaction aux quatre principales sensibilitĂ©s de danseurs.

Bien sĂ»r, certains pourraient danser cinq heures sur du d’Arienzo ou des musiques de la mĂȘme catĂ©gorie, mais dans une milonga, il y a forcĂ©ment des danseurs qui aiment mieux d’autres styles et il convient de les identifier et d’alterner les tendances.

On entend parfois qu’il faut proposer une tanda rythmique, puis une plus lyrique, ce n’est pas faux, mais c’est une simplification de ce qui prĂ©cĂšde. Le ludique et l’urbain en opposition Ă  l’intellectuel et au romantique. On peut/doit, entrer plus dans les dĂ©tails quand on est DJ pour Ă©viter le gros problĂšme des milongas, les danseurs qui restent deux tandas d’affilĂ© sans danser


Le DJ remarquera, par exemple, que les danseurs sont plutĂŽt ludiques. Il proposera donc plus de tandas d’un style comparable Ă  d’Arienzo et ainsi de suite. En fin de milonga, il y a parfois besoin de plus d’intimitĂ© et de romantisme. Le DJ va progressivement baisser « le feu » pour terminer avec une tanda hyper romantique. D’autres fois c’est l’inverse. Il faut donner la pĂȘche quand les gens vont devoir faire de la route pour rentrer chez eux afin qu’ils restent avec des Ă©toiles dans les yeux le plus longtemps possible.

Il n’y a donc pas de rĂšgle absolue
 Le plus beau tango du Monde ne sera pas le mĂȘme dans les deux cas.

Mais quel est le plus beau tango du Monde ?

Je ne vais pas vous demander de relire ce que j’ai Ă©crit au-dessus, je vais vous donner des indications. De nombreux sites, pages Facebook, ont fait ce type d’enquĂȘtes, avec des rĂ©sultats trĂšs divers.

La rĂ©alitĂ© est qu’il s’agit de donnĂ©es trĂšs instables. Ainsi, les statistiques de TangoTecnia donnaient des scores disproportionnĂ©s pour le Sexteto Milonguero. En analysant plus prĂ©cisĂ©ment les donnĂ©es, on se rendait compte que les femmes aimaient deux fois plus cet orchestre que les hommes. Je pense que le charisme et la voix de Javier di Ciriaco ne sont pas Ă©trangers Ă  ces statistiques.

Le fait de passer par un orchestre contemporain (mĂȘme si ce sexteto n’existe plus) permet d’avoir une autre source de donnĂ©es, les musiques jouĂ©es par les orchestres.

D’Arienzo et souvent les d’Arienzo tardifs ont la faveur des orchestres de danse. Anibal Troilo et Pugliese sont aussi surreprĂ©sentĂ©s dans les orchestres actuels.

Les danseurs en entendant rĂ©guliĂšrement les mĂȘmes thĂšmes, s’y habituent, les dansent mieux, car ils deviennent plus faciles Ă  improviser et finalement, il en rĂ©sulte une meilleure impression et une montĂ©e dans le classement.

Les DJ, notamment ceux qui utilisent des playlists, en passant toujours les mĂȘmes titres, augmentent cet effet de reconnaissance.

Hier, le DJ rĂ©sidant d’une milonga de Buenos Aires a passĂ© deux fois de suite Poema (Canaro Maida), par suite d’une mauvaise manipulation dans son logiciel. Les danseurs ont souri et ont dansĂ© une deuxiĂšme fois Poema, d’autant plus que le DJ dansait avec sa fiancĂ©e et qu’on pouvait pardonner ce doublon romantique. Lorsque Poema a commencĂ© pour la troisiĂšme fois, le DJ a couru Ă  son poste pour lancer Invierno. Les danseurs ont pris la chose avec beaucoup de sympathie et ont beaucoup applaudi le DJ (ce qui est rare Ă  Buenos Aires).

Ce type de raté sur un titre moyennement apprécié aurait été plus sévÚrement apprécié.

Poema est en effet un des tangos prĂ©fĂ©rĂ©s des danseurs, comme en tĂ©moignait une enquĂȘte de 2014 de TangoTecnia qui indiquait que prĂšs de 18 % des sondĂ©s en faisaient leur tango prĂ©fĂ©rĂ©.

2 Tangos préférés pour danser (liste établie par TangoTecnia en 2014 sur un panel de 1282 votants).

Si vous prenez la peine de consulter cette liste qui a dĂ©sormais dix ans, vous constaterez tout de mĂȘme que la plupart des titres proposĂ©s sont encore dans le domaine des titres qui « marchent ».

Dans cette observation, on peut dĂ©couvrir l’empreinte des DJ qui ont forcĂ©ment encouragĂ© les titres Ă  succĂšs, ce qui a renforcĂ© l’estime pour ces titres.

D’autres titres ont Ă©tĂ© victimes de ce succĂšs, car ils correspondaient Ă  un effet de mode, par exemple car il a Ă©tĂ© mis en avant par un orchestre Ă  succĂšs.

Prenons l’exemple de Mi Vieja Linda (ne la cherchez pas dans cette liste, elle n’y est pas, car en 2014, personne n’aimait ce titre qui avait Ă©tĂ© peu enregistrĂ© avant que le « Sexteto Cristal » en fasse un tube (en 2018). Dans un autre genre, le phĂ©nomĂšne Sexteto Milonguero de l’époque est totalement Ă©teint aujourd’hui et mĂȘme chez les femmes, ce n’est plus le premier orchestre du Monde.

Une autre source de donnĂ©es est constituĂ©e par les publications de musique. Certains titres ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s par dix orchestres et parfois Ă  plusieurs reprises et d’autres n’ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s qu’une fois. Les dates d’enregistrements sont Ă©galement trĂšs utiles pour retracer les modes au vingtiĂšme siĂšcle. Un titre va ĂȘtre enregistrĂ© cinq ou six fois en deux ou trois ans, puis devenir silencieux pour ne rĂ©apparaĂźtre que dix ou vingt ans plus tard.

Un excellent outil pour dĂ©couvrir cela est la base de donnĂ©es de tango-dj.at. Dans la copie d’écran suivante, on peut voir la discographie de Poema qui a Ă©tĂ© enregistrĂ© principalement dans les annĂ©es 30, mais qui est restĂ© sur le devant de la scĂšne et parfois de façon renouvelĂ©e grĂące Ă  des orchestres contemporains comme la Romantica Milonguera.

3 Dans la base de donnĂ©es de tango-dj.at, on trouve Poema enregistrĂ© 29 fois par 28 orchestres (HĂ©ctor Pacheco l’a enregistrĂ© deux fois).

Les spĂ©cialistes se pencheront sur les catalogues des Ă©diteurs de l’époque, mais il faut suivre les orchestres quand ils ont changĂ© d’éditeur et la compilation pour un orchestre donnĂ©e n’existe pas toujours si on excepte des sommes, comme le catalogue Canaro de Christoph Lanner.
https://sites.google.com/site/franciscocanarodiscografia/prefacio

4 Les enregistrements de Francisco Canaro (le chef d’orchestre qui a le plus enregistrĂ©) reprĂ©sentent 200 pages de donnĂ©es. Le formidable travail de Christoph Lanner vous permettra de vous y retrouver si vous vous passionnez pour son Ɠuvre.

Signalons aussi tango.info qui n’est pas trĂšs complet, mais que vous croiserez sĂ»rement si vous faites une recherche Google
 https://tango.info/T0030142643 pour y trouver Poema


5 Les statistiques selon les goûts des visiteurs du site El Recodo tango.

Une enquĂȘte plus rĂ©cente puisqu’elle est mise Ă  jour en temps rĂ©elle est celle qui est rĂ©alisĂ©e par le site El Recodo. Poema n’est pas dans la liste. On dĂ©couvre Ă  la place une sĂ©lection bien diffĂ©rente et par certains aspects surprenants, mais qui tĂ©moignent d’une Ă©volution.

Par exemple, en 2014, annĂ©e du centenaire de sa naissance, Troilo Ă©tait peu jouĂ© en France, ce qui n’était pas le cas Ă  Buenos Aires oĂč il est adorĂ©. Je me souviens cette annĂ©e avoir fait une annĂ©e Troilo avec parfois cinq tandas de lui dans une milonga. Ma petite pierre et celle d’autres collĂšgues DJ et de certains orchestres ont fait que dĂ©sormais, Troilo est incontournable en France, Ă©galement.

En regardant cette liste, on se rend compte que beaucoup de titres sont classĂ©s des deux cĂŽtĂ©s, tangos Ă  Ă©couter et Ă  danser. Certains, superbes Ă  danser, sont seulement du cĂŽtĂ© de l’écoute, comme CafĂ© Dominguez (qui a cependant la difficultĂ© d’ĂȘtre difficile Ă  caser dans une tanda cohĂ©rente et que l’on va gĂ©nĂ©ralement associer Ă  des titres plus anciens avec Vargas). Je pense qu’il manque une vĂ©ritable liste de tangos Ă  Ă©couter et qui ne seraient pas Ă  danser et que la liste des tangos Ă  danser pourrait ĂȘtre optimisĂ©e. Garua apparaissant deux fois dans les plus dansables peut ĂȘtre surprenant, ainsi que le peu de titres de d’Arienzo ou Di Sarli en regard du nombre de titres de Calo


Faisons bouger les lignes

Le rĂŽle du DJ n’est pas seulement de savoir proposer ce qui plaĂźt, mais aussi d’éduquer les danseurs en les poussant Ă  aborder des musiques moins familiĂšres.

Ce type de statistiques est donc utile pour dĂ©finir les genres, les tendances du moment, mais cela ne dispense pas le DJ d’interroger le riche rĂ©pertoire pour trouver des Ă©quivalents.

Lorsqu’un tango peu connu fait un succĂšs lors d’un Ă©vĂ©nement, le titre monte rapidement en renommĂ©e, car le monde du tango est tout petit. Rapidement, il fera le tour du Monde et finira par devenir un incontournable ou une scie, voire de retomber dans l’oubli.

Le « bon tango » est le tango d’un moment. Pour ĂȘtre un excellent tango de danse, il doit disposer de qualitĂ©s propres permettant d’enrichir l’improvisation. C’est surtout important lĂ  oĂč il y a d’excellents danseurs (ceux qui dansent avec la musique ou plutĂŽt, qui dansent la musique). Ces derniers sont trĂšs exigeants et s’ils dansent avec conviction sur les grands succĂšs des milongas, ils seront enchantĂ©s lorsque le DJ lui proposera un titre moins ressassĂ©, voire inconnu, mais qui a toutes les qualitĂ©s pour ĂȘtre Le plus beau tango du Monde pour la tanda en cours.

DJ BYC Bernardo, Buenos Aires, 2024-01-07